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                           DE LYON.                         297

     La latinité de Claude n'est pas indigne du siècle où il
 vivait. Elle est sans doute inférieure à celle de Cicéron,
 de Tite-Live, de Tacite ; mais elle a des mérites qui lui
 sont propres. Quelquefois diffuse, elle rachète ce défaut par
 des expressions qu'on admirerait dans un écrivain de pre-
 mier rang. Il y a de la majesté dans cette phrase: Deprecor
 ne, quasi novam, istam rem inlroduci exhorrescatis • sed Ma
 polias cogiletis, quam mulla in hac civitate nova sint, et qui-
 dem slatimab origineurbis nostrœ. Celle-ci: Quondam reges
 hanc tenuere urbem, nec tamen domesticis successoribus eam
 tradere contigit, n'est-elle pas d'une construction irréprocha-
 ble? Ce passage, dans lequel Claude montre en perspective
 l'étonnante grandeur de la domination romaine : Jam si nar-
 rent bella a quibus cwperint majores nostri et quo processeri-
 mus, vereor ne nimio insolentior esse videar et quœsisse jacta-
 lionem gloriœ prolati imperii ultra Oceanum ; ce passage
 n'a-t-il pas l'ampleur et l'élévation convenables a la chose qu'il
 énonce? Peut-on rendre plus clairement, plus fortement, en
 termes plus corrects, cette exclamation dictée par un senti-
 ment de prudence ? Tempus est jam, Ti. CÅ“sar Germanice,
 detegere te patribus eonscriptis quo lendat oratio tua;
jam enim ad extremos fines Gattiœ Narbonensis venisti. Et
 cette expression, centum annorum immobilem /idem, une
 foi immobile de cent années, est-elle dépourvue d'élévation,
 de sublimité même? Je pourrais ajouter quelques autres
citations ; celles qui précèdent me paraissent suffire à
mon but, et j'ai hâte d'arriver aux considérations morales.
    Ce qui distingue le discours de Claude, c'est une grande
intelligence de la politique de Rome et des causes de son
agrandissement dans le monde. Il sait que l'unité seule
peut conserver l'Empire, œuvre laborieuse des siècles.
Dédaignant les clameurs intéressées de ses adversaires, il
développe avec calme, devant le sénat de son pays,