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                       ET DE L'INDUSTRIE,                    228

 beur, Platon fut conduit, d'accord avec la conscience publi-
 que , a condamner absolument le travail, quel que fût son
 mode d'exercice, l'agriculture , l'industrie ou le commerce ,-
 et a rêver une république idéale exclusivement composée de
•guerriers et de philosophes.
    En entendant tomber cet arrêt des lèvres de la sagesse
 antique, l'esclave , s'il le comprit, dut éprouver une secrète
 joie ; il était vengé ; il avait par l'excès et les rejaillisse-
 ments de sa propre honte, rendu le travail impossible pour
 la maître, pour le citoyen, et assuré par là, dans un temps
 donné, la ruine d'une société coupable envers lui de la plus
 monstrueuse iniquité.
    Aujourd'hui c'est notre honneur et notre salut de prendre
 les choses au rebours de Platon. Tandis que les anciens
 s'imaginaient échapper aux difficultés sociales de leur temps
 en rétrécissant de plus en plus la cité, nous, nous élargis-
 sons son enceinte, afin que tout le monde y puisse entrer.
 Au lieu de tendre a avilir le travail, nos mœurs, nos habitu-
 des tendent à le glorifier et a le relever. Qui donc se plain-
 drait de ce double progrès, les poètes ou les artistes ? Le
 moyen de croire que les lettres et les arts iront à leur déca-
 dence parce que la société se rapprochera de la justice et
 de la vérité ! Le moyen aussi, lorsque le génie de l'homme,
 par le percement des isthmes , par ses entreprises de Titan
 sur l'assiette même du globe, se prépare, pour ainsi parler,
 à renouveler les grandes luttes cosmogoniques des premiers
 jours du monde, le moyen, dis-je, de croire que les profon-
 deurs religieuses de l'imagination ne seront point ébranlées,
 et que les poètes continueront à ne découvrir dans ces réa-
 lités supérieures à leurs rêves que de l'industrialisme et du
 matérialisme !
     Mais je m'arrête. •— Je ne veux pas, en abordant tardive-
 ment le fonds de la question telle que je l'ai posée au début,
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