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J!)8 DES AFFINITÉS DE LA POÉSIE offrande au temple de Delphes? quel est le chorège désigné pour faire les frais du chœur à la prochaine tragédie de Sophocle ? est-ce Timarque ou Lybicus qui a remporté le prix aux derniers jeux de l'Elide; nous les voyons sous le ciel lucide de l'Attique, cœlum tenue, suivant l'expression intraduisible de Cicéron, monter les rampes de l'Acropole, s'arrêter sous les Propylées, la tête ceinte de violettes, la chevelure relevée avec des cigales d'or, et dans leur main- tien, dans leurs discours, dans leurs gestes, toujours attentifs a sacrifier aux Grâces, selon la recommandation habituelle de Socrate. Les Grecs connurent pourtant d'autres soins, des occu- pations positives, tout a fait voisines de celles de l'esclave ; et, quand l'histoire ne serait pas la pour nous rappeler que les dissensions intestines, si fréquentes dans les petites républiques de l'Hellade et des îles, avaient le plus ordi- nairement pour cause et pour prétexte l'indigence notoire des classes populaires , l'animosité du pauvre contre le riche, il suffirait, pour se faire une idée plus exacte des mœurs grecques, d'ouvrir Aristophane. Qu'y voyons-nous? des cabaretiers, des boulangers, des marchands de bois, des forgerons, des baigneurs, des luthiers, des armuriers, tous grands mangeurs d'ail et de saumure, mais citoyens d'Athènes cependant. Et il faut voir quel suprême mobile le poète leur prête : la distribution des viandes provenant des sacrifices, le triobole affecté aux fonctions déjuge, les émoluments des ambassades et des charges publiques, la solde, en un mot, sous toutes ses formes, voila leur princi- pale affaire. "Vous vous souvenez de la pièce des Chevaliers où, pour se railler du peuple toujours prêt a se donner aux démagogues qui le flattent, Aristophane nous montre un charcutier disputant la victoire à Cléon, le Paphlagonien, corroyeur de son métier, et qui était alors l'orateur le plus