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ALLOCUTION DU PRÉSIDENT. " 7i I Pardonnez une fierté patriotique, qui garde au moins le mé- rite du désintéressement personnel. Je débutais a peine dans la vie, quand mon humble jeunesse contempla cette brillante pléiade qui a immortalisé la tribune de la Restauration : Laine, orateur taillé a l'antique, qui aimait la liberté comme un Romain des beaux jours de la République, et la Royauté, comme un Français des grands jours de la Monarchie. De Serre, l'orateur des mouvements imprévus, dont la parole quelquefois hésitante, ne semblait tenir l'auditoire en suspens, que pour se dégager des nuages par un subit éclair et terminer les angoisses par un trait de génie. Martignac, modèle achevé de l'insinuation et de la grâce oratoire, a l'esprit si souple, au cœur si ferme, qui perdit le pouvoir en essayant de réconcilier son Roi et son pays, et la vie, en épuisant ses dernières forces pour sauver celle du rival qui lui avait été le pouvoir. Foy, favori des camps comme de la tribune, qui voulut aussi, un jour, par une sublime parole, réconcilier les tra- ditions de la vieille France et les gloires de la nouvelle. Casimir-Périer, déployant avec une infatigable énergie cette éloquence de bon sens et de ferme volonté, qui débuta par une opposition constitutionnelle, et finit au pouvoirpar la pratique sincère du gouvernement représentatif, au ser- vice duquel il usa sa vie et conquit l'immortalité. Ce grand nom m'entraîne involontairement vers une tribune plus récente, qui me rappelle tant de chers souvenirs et d'il- lustres amis. Je n'ai pas le droit de nommer ces princes de la parole. Ils sont perdus pour la tribune, mais grâce à Dieu, ils vivent encore pour la France ; les jours de la lutte sont passés pour eux, ceux de l'histoire ne sont pas venus. L'ave- nir seul pourra louer dignement : ici, une parole grave, sobre, élevée, qui semblait faite exprès pour représenter la majesté du pouvoir, trônant par la tribune et par la liberté ; là , une