Revue du Lyonnais » série 2 - n°18 ( 1859 ) » pp.117

                    iiih'ONSE A M. L"ABBÉ ROUX.                    117

 que je crois qu'il y a encore quelque chose à prendre dans le
 manuscrit de De la Mure, mais parce que je reconnais au con-
 traire maintenant que, dans mon admiration juvénile, je lui ai
 trop emprunté jadis, croyant que la Révolution avait détruit
 tous les documents historiques, et que ce livre était pour nous
 la loi et les prophètes. La vérité est que notre bon chanoine
 n'entendait rien à l'histoire antérieure au seizième siècle. C'est
 chez lui, par exemple, que j'ai pris l'idée baroque (que m'em-
 prunte à son tour naïvement M. Roux, p. 316) de la division du
 comté de Lyon entre les fils de Guillaume I er , au dixième
 siècle, pour expliquer l'origine du Beaujolais et du Forez ! En
réalité, hors les actes qu'il nous a conservés, le livre de De la
 Mure (j'entends parler seulement de son Histoire des comtes de
Forez, le moins précieux de ses manuscrits, à mon avis) me sem-
ble peu important, et sa publication sera d'autant plus fâcheuse
pour la réputation de l'auteur, qu'elle sera exécutée d'après une
très-mauvaise copie, qui n'a pas été revue par lui. La portion
la plus intéressante, les preuves, fourmille de fautes grossières et
d'omissions. Il eût été possible, il est vrai, de rectifier ces textes,
puisque les actes originaux existent encore pour la plupart ;
mais, quoique j'aie indiqué le dépôt public où ils se trouvent,
l'éditeur de De la Mure ne prendra sans doute pas la peine de
venir les lire ; car ses études ne l'ont pas préparé à ce genre de
travail, qui d'ailleurs demande une vocation toute particulière.
Au reste, s'il s'y décidait, il aurait bien vite renoncé à publier
les fragments informes de De la Mure, à la vue de ces richesses
immenses qui ont été inconnues à notre ancien historien. On
trouve tout là : traités de paix, établissements de marchés ,
clôtures de villes, chartes d'affranchissement, etc. Parmi les
pièces de la dernière catégorie que je viens de mentionner, je
citerai particulièrement la charte d'affranchissement de Mont-
brison, dont j'ai eu le regret de ne donner dans le temps qu'un
extrait, d'après De la Mure, et dont je possède maintenant une
copie intégrale, prise par moi sur l'original. Voilà pourquoi je
pense qu'il y a quelque chose de mieux à faire que de publier le
manuscrit de De la Mure, quelque respectable qu'il soit. Suivant