page suivante »
406 CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉPOPÉE. l'Olympe croulait de toutes parts , est cependant le poème le plus national de l'ancienne Rome, et la plus belle, la plus majestueuse, la plus idéale personnification de la cité éter- nelle. Et puis quelle perfection de forme, quel charme dans les épisodes ! quelle connaissance profonde du cœur hu- main ! quelle mélodie musicale dans les vers ! quelle sorte de douce et suave mélancolie inconnue aux siècles homé- riques et qui est comme le prélude de cette religieuse tristesse qui est toute chrétienne ! ne dirait-on pas quelquefois qu'un souffle avant-coureur du Christianisme a passé sur la lyre du poète de Mantoue? Aussi est-ce de Virgile que les poètes modernes s'inspireront le plus, et lorsque Dante osera pé- nétrer dans le monde de la vie future, ce sera Virgile que Béatrix lui enverra comme guide pour l'initier aux mystères redoutables de l'enfer et du purgatoire, en attendant qu'elle- même l'initie aux splendeurs et a l'ineffable félicité du pa- radis. J'ai nommé le Dante, Messieurs, c'est-à -dire le plus grand poète épique du XIIIe siècle, et qui est resté peut-être le plus national de l'Italie. Sans revenir sur les caractères de la Divine Comédie, dont je vous ai dit un mot en commen- çant, et sur lesquels il ne m'appartient point d'insister, je vous répéterai seulement que ce poème réunit précisément les conditions qui constituent une véritable épopée, Danle ayant peint à toujours et avec des couleurs qui ne se fane- ront pas, toute la vie religieuse et politique de son temps Nous arrivons ensuite à l'Arioste et à son Roland le Furieux, vaste drame romanesque, qui témoigne de la plus riche et de la plus inépuisable fécondité de génie, mais qui n'est plus le genre d'épopée que nous voulons étudier. Enfin, nous voici en présence du Tasse et de sa Jérusalem Délivrée. Tel est le poète, Messieurs, dont j'aurai à vous entretenir, et tel est le chef-d'œuvre que j'examinerai avec