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84 EMPLOI DES BIENS ECCLÉSIASTIQUES avait entendu la prédication apostolique des saints martyrs de Tournus et de Châlon, Valérien et Marcel, venus dans nos contrées avec saint Pothin de Lyon. Telle est du moins la tradition recueillie par les savants auteurs du Gallia Christiana, col. 1038. Le P. deLongueval (1) affirme même que la foi avait déjà été annoncée à Mâcon dès le premier siècle, mais sans beaucoup de succès. Le sang de nos martyrs la rendit enfin féconde ; et elle jeta ces racines vigoureuses qui l'ont fait grandir et prospérer jusqu'à ce jour sur notre sol. C'était bien la foi puisée aux sources les plus divines et nous arrivant par les canaux les plus purs, ainsi que le témoigne saint Irénée dans une de ses lettres adressée à l'hérétique Florin. « Ce que nous apprenons dans l'enfance demeure mieux « gravé dans notre mémoire que bien des événements plus « récents. En sorte que je pourrais dire le lieu où était « assis le bienheureux Polycarpe quand il parlait, sa dé- « marche, son air, les discours qu'il faisait au peuple. Il « nous racontait qu'il avait vécu avec Jean et avec d'autres « disciples qui avaient vu le Seigneur ; il se souvenait « de leurs discours, et de ce qu'il leur avait ouï dire du « maître, de ses miracles, de sa doctrine. Polycarpe rap- « pelait tout cela de la même manière absolument que les « Saintes Écritures, l'ayant appris de ceux qui avaient vu « le Verbe de vie. Dieu me faisait alors la grâce d'écouter « ces discours avec une grande attention, et de les écrire, « non sur du papier, mais dans mon cœur ; et par la « miséricorde divine, je les repasse continuellement dans « mon esprit. » Nous sommes donc les enfants spirituels de Jésus-Christ, par saint Jean, l'apôtre de la dilection. (t) Hist. de l'Église Gallicane, t. 1. Dissert prélim.