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NOTICE SUR BOSCAKY DE VILLEPLAINE. 15 piques et de bâtons ferrés, et guidés par le trop fameux Santerre se précipitent dans la cour du Château des Tuileries et vont droit aux appartements, dans le dessein d'assassiner la reine, comme on l'a su plus tard. Le roi la fait aussitôt éloigner, ainsi que ses enfants et se présente aux brigands avec un calme qui semble les désarmer. Pendant ce temps, une partie d'entre eux cherchait à pénétrer dans la salle où s'était retirée la reine. Boscary de Villeplaine accourt avec ses braves grenadiers par l'escalier des Carraches et prenant position dans une galerie par laquelle les assassins devaient nécessairement passer, il fait placer en travers une longue table et range sa petite troupe derrière ce retranchement improvisé d'un nouveau genre. Il était temps, la porte est enfoncée a coups de hache, les brigands se précipitent dans la galerie, mais ils restent interdits a la vue d'un obstacle auquel ils ne s'attendaient point et qu'ils n'essayèrent même pas de forcer. La contenance ferme des grenadiers leur imposa et l'aspect du jeune Dauphin que l'on fit monter sur la table sembla adoucir ces tigres altérés de sang. M. de Beauchesne, dans son intéressante Histoire de Louis XFII a constaté la part honorable que Boscary de Villeplaine a prise a cette journée. Le 20 juin ne fut que le précurseur du 10 août , de ce jour néfaste qui emporta une royauté de quatorze siècles. Dans la nuit qui précéda cette fatale journée, Boscary de Villeplaine se trouvait aux Tuileries avec tout son bataillon. Dès le matin, l'infortuné Louis XVI, accompagné de la Reine et de ses enfants, passa la revue des troupes réunies pour la défense de la monarchie. A la vue du monarque, les tam- bours battirent aux champs, les cris de Five le Roi se firent entendre, les gardes-nationaux les répétèrent; il n'y eut que les canonniers du bataillon de La Croix-Rouge qui