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LK PÈRE DE LA CI1A1ZE. 483
«ènisme convenait à da. haute bourgeoisie ; à cette bourgeoisie
du Parlement, qui, placée entre la royauté et le peuple, ne vou-
lait ni l'absolutisme monarchique , ni l'égalité populaire. Aussi,
voit-on la secte se recruter principalement parmi des avocats au
Parlement, des fils de maîtres des comptes , des gens de robe....
Cette gravité traditionnelle , ces habitudes sévères et compassées
de la magistrature française , Port-Royal les reproduisit dans
toute leur raideur Une violence contenue, des dehors rigides,
un ascétisme outré..., un fond de dureté, un esprit d'intoléranee
uni à des entraînements factieux, beaucoup de dédain pour le
peuple , e t , avec cela, une tendance manifeste à humilier les
courtisans, à mettre la royauté aux abois Voilà bien la phy-
sionomie du jansénisme, et n'est-ce pas celle du Parlement? (1) »
De même que les membres de la haute magistrature aspiraient
depuis longtemps à réduire les prérogatives royales, en usurpant
une partie de la souveraineté, de même les jansénistes s'effor-
cèrent , dès le début, de renverser la hiérarchie ecclésiastique.
Les parlementaires voulaient amoindrir l'autorité du Roi, les Jan-
sénistes celle du Pape.
L'union du jansénisme avec le Parlement était donc toute na-
turelle. iNous les verrons plus tard l'un et l'autre, confondant
leur action, s'unir d'un commun accord pour saper à la fois la
chaire de saint Pierre et le trône. Leur influence fatale se fera
également sentir dans la Constitution civile du clergé et dans la
Constitution de 1791. Sous prétexte de réformer la hiérarchie ro-
maine et l'autorité royale , l'esprit janséniste , combiné avec les
idées anglaises et les tendances révolutionnaires des économistes,
des protestants et des philosophes , contribuera pour une très-
large part à déraciner la Royauté et à ébranler l'autorité de l'É-
glise.
Non-seulement la secte se recrutait dans les rangs de la bour-
geoisie, elle faisait aussi de nombreux prosélytes dans la noblesse.
« Il se trouvait, dit Orner Talon, que tous ceux qui étaient de
(1) Histoire de la Révolution française, par M. Louis Blanc, t. 1 " ,
p. 201 et suiv.