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NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA. 2&5 Ainsi la période de 1808 a 1814, terminée par de si graves événements, fut pour M. deLezay une période de calme et de tranquillité. Satisfait de cette vie heureuse, il ne chercha point a franchir le cercle de son intérieur de famille. Dans cet horizon borné, mais exempt d'orages, il put, spectateur désintéressé, assister a la grande lutte de Napoléon contre l'Europe coalisée. Lorsque le géant des batailles succomba sous les efforts de cette ligue immense, ancien soldat, il gémit sincèrement sur le malheur de nos armes, mais il salua de ses acclamations la proclamation de la charte octroyée par Louis XVIII, espérant que le pouvoir royal et le gouver- nement représentatif, unis désormais , donneraient à la France une ère durable de paix et de liberté. Pour lui, maintenant, va commencer la vie publique. Après de si cruelles vicissitudes, il entrera dans la carrière, éprouvé comme l'or au sortir de la fournaise (1), plein surtout de cette science des hommes et des choses qui s'acquiert dans les voyages (2). Il emportera, de la France révolutionnée, l'horreur de la proscription et les excès de la démagogie; l'amour de la liberté, de l'Amérique et de l'Angleterre dont les institutions reposent, ici, sur l'équilibre des pouvoirs, là , sur la démocratie pure; la Hollande lui inspirera le respect pour la patience et la probité dans le travail ; le souvenir du Portugal et de l'Espagne, si puissants au XVe et XVIe siècles, lui montrera les causes d'aflaiblissement qui résultent d'un abus prolongé d'institutions vieillies. Ces impressions, de natures diverses, élaborées dans le silence de la retraite, se changeront dans le cours de l'âge, en une opinion poli- tique, modérée et conciliatrice. La République américaine ne sera plus l'objet de ses prédilections. Réfléchissant aux ( 1 ) Sicut ignis mtrum probat (Is). (2) Qui mores hominum multorum vidit et urbes ( Horat, )•