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NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA. 289 véhicule qui semblait dater des premiers temps de la monar- chie. Ils traversèrent Estremos, Elvas, la dernière ville du Portugal, Badajoz, la première de l'Espagne, Mérida, dont les environs infestés de brigands les obligèrent de prendre une escorte de dragons, Truxillo, patrie de Fernand Cortez, et nombre d'autres villes fameuses par leurs monuments ou leur histoire. Dès leur arrivée a Madrid, leur premier soin fut de s'en- quérir h la légation française des derniers événements arrivés a Paris. Les informations qu'on leur donna n'étaient pas d'une nature rassurante. En présence des agitations dont sa patrie était encore une fois le théâtre, M. de Lezay crut prudent de renoncer à son projet de rentrer en France, comme les deux amis l'avaient décidé, durant leur séjour a Lisbonne, trompés par le calme, plus apparent que réel, amené par le gouvernement du Directoire. Forcément rejeté dans les hasards de l'exil, M. de Lezay se résigna, c'était dans sa position le parti le plus sûr, a reprendre ses fonctions d'employé dans la Hollande. Disant donc adieu a Madrid, la reine de la vieille et noble Espagne, al'Escurial, où résidait la cour, ils s'acheminèrent vers Bilbao, espérant y trouver une prompte occasion de passer en Angleterre. La route de Madrid a Bilbao offrait a l'admiration des jeunes voyageurs plusieurs de ces monuments qu'on regret- terait toute sa vie d'avoir négligé dans le cours d'un voyage. Aussi, malgré les tristes préoccupations du moment, ils ne se refusèrent ni le temps ni le plaisir de les examiner. C'est ainsi qu'ils visitèrent l'aqueduc de Ségovie, ouvrage magni- fique des Romains, la cathédrale de Burgos, une des mer- veilles de l'art gothique. Après quinze jours d'attente a Bilbao, ils mirent à la voile a Portalègre , avec une vingtaine de passagers. Une tempête, 19