Revue du Lyonnais » série 2 - n°16 ( 1858 ) » pp.272

272                   IJE BON GENRE.
Ils n'ouvrent pas la bouche, et leur tête féconde,
Mûrissant le projet d'un moral attentat,
De tout nos loups-cerviers délivrera l'Etat?
Peut-être, cultivant l'arbre de la science,
Vont-ils d'un nouveau fruit enrichir notre France? >•
Mettez votre lorgnon, et ces quatre penseurs
Que vous admirez tant, deviendront des joueurs.
Au lieu de réfléchir sur un poème épique,
Ils méditent sans fin sur le trèfle ou le pique ;
Et si vous les trouvez gravement attentifs,
C'est simplement le wist qui fournit les motifs.
Otez trèfle, carreau, pique ou cœur, de leur tête,
Et leur esprit bientôt nonchalamment s'arrête.
Voulez-vous de nouveau qu'il s'éloigne du port?
Raisonnez devant eux de prime et de report.
Oh ! leur pensée alors court à perte de vue,
Et va d'un seul élan s'égarer dans la nue.
Ils espèrent un jour, dans leur riche atelier,
 Pouvoir se fabriquer un Crédit mobilier.
Le Crédit mobilier ! c'est le pouvoir suprême,
Le splendide budjet des rois de la Bohême;
Tout devient sous sa main de l'or et de l'argent;
 Il fait d'un imbécile un homme intelligent,
 Et tenant attachés tous les moutons en laisse,
Il leur fait avaler ou la hausse ou la baisse.

Profane en ce congrès et muet comme un sot,
Vers les dames, je pense échanger quelque mot;
Mais tout ce que j'entends paraît si peu de chose
Que vraiment je ne peux affirmer si l'on cause,
Et cherchant bonnement à me désennuyer,
De Charybde en Scylla je m'envais me noyer.
Je suis comme égaré dans une étrange sphère