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                        EXPOSITION DE     4838.                 247
 nations, et son succès, à ce qu'il paraît, fait naître des envieux.
 Après M. Castelli, voici M. Terrier qui expose aussi des costumes
 de mardi-gras. Ces pierrots ne dorment point ; ils ont peut-être
 dansé, mais Us ont l'air de faire danser les autres. Il y a du
 dessin dans ce tableau et les mouvements des joueurs sont bien
 rendus. Ne nous arrêtons pas trop longtemps sur ces sujets;
 nous n'aurions rien de mieux à voir que le carême serait déjà
 un prétexte pour que nous passions outre. Nous voudrions pou-
 voir conduire nos lecteurs dans le charmant Intérieur de ferme
 de M. Sacré, puis dans Y Intérieur d'atelier de M. Petit ; mais le
plaisir que nous a fait éprouver la Lettre au pays, et la galan-
terie, nous obligent à donner à Mme Félicie Schneider la part
 d'éloges qui lui revient.
    La Lettre au pays est une scène réelle aussi, et qui a dû se ré-
péter souvent sous les murs de Sébastopol. Il n'y a là ni soie,
ni tapis, ni clinquant comme dans les tableaux précédents ; l'idée
est simple, vraie, saisissante. Nous sommes dans une ambu-
lance ; un jeune soldat, un conscrit d'hier, est couché et blessé
à la tête. Un vieux sapeur à trois chevrous est assis à son chevet
et écrit les derniers adieux, peut-être d'un fils ou d'un frère.

           Pauvre enfant du village, on pense à toi là-bas


   Cette touchante romance d'Amat nous revenait en mémoire
devant ce tableau, dont la pensée a une délicatesse toute fémi-
nine, et qui doit éveiller de nombreux souvenirs, car il captive
surtout les jeunes filles et les mères.
   On pourrait reprocher à Mme Schneider d'avoir trop négligé
les détails et d'avoir fait son lit démesurément long. L'artiste
s'est peu occupée des accessoires et a concentré l'intérêt sur la
figure du malade ; c'est là qu'elle a dirigé toute la lumière. Le
visage du blessé est pâle, amaigri, il porte l'empreinte d'une
souffrance parfaitement rendue. Le sapeur, au contraire, est
calme, impassible      il en a bien vu mourir d'autres ! Dans le
fond, on distingue, ou plutôt on devine des blessés, mais
M,ne Schneider a habilement enveloppé ces douleurs dans l'ombre.