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                        EXPOSITION DE 1838.                       243

  tendre à tout. Voyez comme la Liseuse de M. Dehaussy a dû
  friper sa robe pour s'asseoir.
     Il y a du goût et d'heureux arrangements dans l'Intérieur, de
  M. Malaval, qui nous représente un cordonnier entouré des outils
  de son état. La lumière est sagement distribuée sur l'ensemble
  qui est un.peu sombre, et le chat qui paraît guetter une souris à
  l'entrée d'une tige de botte est un épisode assez intéressant. Le
 Dieu du jour, de M. Detouche, a le tort de vouloir être une allé-
 gorie satirique ; cela rappelle certaines images d'un sou. Son
 avare est à genoux, adorant un sac d'écus et une photographie
 de la Bourse. La foule qui applaudit Harpagon soufflant l'une des
 deux chandelles allumées sur sa table, est bien tentée d'applaudir
 l'avare de fantaisie de M. Detouche, priant Plutus entre deux
 bougies flamboyantes. Ce Dieu du jour me rappelle l'Avare de
 M. Heuvel, dont je crois préférable la jolie scène de famille qui a
 pour titre la Boule de savon. M. Heuvel est un Belge qui fait la
 Bretagne et qui veut bien me fournir une transition.
    La Bretagne, est beaucoup exploitée par les peintres et les
 rimeurs de romances. C'est un privilège consacré qu'elle partage
 parfois avec l'Auvergne. C'est sous les costumes de ces deux
 contrées surtout que les réalistes se plaisent à nous présenter
 leurs types plus ou moins déguenillés.
    Ce qui manque généralement aux réalistes, dont on a dit
 beaucoup trop de mal, c'est, un grain de sentiment. M. Courbet,
 qui est leur chef de file, n'explique pas bien clairement ses théo-
 ries ni à lui-même ni aux autres ; il se cherche encore. Comme
 artiste, et artiste réaliste, il traite en toutes petites filles la
 Perspective et ia Sensibilité, mais on ne peut lui refuser d'être,
 comme praticien, très exercé et très habile. Il n'a pas d'élèves,
mais il a de nombreux imitateurs. Seulement, ces imitateurs
manquant des qualités qui lui sont propres et par lesquelles il se
sauve, ne font rien que de très médiocre. Il ne faut, d'ailleurS,
pas trop s'arrêter à cette qualification de réaliste, ce n'est qu'un
mot. Callot, bien avant M. Courbet, a inventé le réalisme avec
ses mendiants. Les Flamands et les Hollandais ont aussi fait du
réalisme; quelques scènes champêtres et burlesques de Rambrand