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232 NOTICE SUR M. DE LEZÂY-MÀRNÉSU. Philadelphie. Vaines instances ! Les menaces des créan- ciers , les perspectives de la prison ne pouvaient l'ébranler dans sa stérile résignation. Enfin, le comte de Lezay, ayant acquis la certitude que les menaces allaient avoir leur effet, résolut de chercher en lui-même le moyen d'arracher son père a son affreuse position. 11 se rappela que, pendant son premier séjour a Philadelphie, un Italien , le comte Andreani, lui avait témoigné beaucoup d'amitié. Ce noble étranger vivait dans l'intimité de la famille Bingham , en ce temps la plus puis- sante de la ville. L'idée lui vint d'aller l'implorer pour son père, démarche assurément pénible pour un tout jeune homme , qu'humiliait le sentiment de sa misère présente, qu'effrayait sa timidité naturelle, accrue encore dans l'iso- lement d'une vie de trappeur. Cependant, une fois sa ré- solution prise, il ne recula pas, encouragé par cette idée que, dictée parla piété filiale, sa tentative ne pouvait, quel que fût le résultat, être vue qu'avec intérêt. Il se présente donc avec une certaine assurance devant le comte Andreani. Il lui fait en des termes simples, tou- chants, tels que les fournit toujours une émotion vraie, le récit des désastres de son père, et le prie de lui faire obtenir, a l'effet de le dégager, une somme de 10,000 livres contre une traite de sa main sur sir William Pultney, l'un des plus riches personnages d'Angleterre, dont la fille uni- que déjà maîtresse d'une immense fortune, et la comtesse de Beauharnais, sœur du comte de Lezay, étaient liées par la plus étroite et la plus tendre amitié. Puis, suffoqué par son émotion et la violence qu'il venait de faire à sa timi- dité, il fondit en larmes. L. DE LA SAUSSAYE, ( La suite au prochain numéro ).