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222 NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA. une teinture superficielle des humanités ; il resta étranger à des connaissances plus étendues. Quant aux habitudes du monde élevé qu'il devait hanter un jour, quant à ce mouve- ment de la Société qui caractérise une époque, le peu qu'il en apprit dans ses apparitions au logis paternel, se trouva singulièrement modifié par le contraste des idées et des im- pressions dont son jeune esprit y fut, à toute heure, comme investi. Bien que tenant, par quelques points, auxidées dominantes, le père de M. Lezay était resté "gentilhomme pur, dans sa vie privée. De même que tous les enfants de la noblesse, ses enfants (1) durent se soumettre, de bonne heure, dans les relations domestiques, à l'empire des habitudes tradition- nelles. Elevés pour commander, ils n'abordaient jamais leur père qu'avec une déférence craintive et respectueuse. En retour de cette soumission, celui-ci ne leur accordait guère qu'une politesse froide et cérémonieuse, et sa protection ne laissait pas, a l'occasion, de se produire pleine d'exi- gences. Pour les rendre dignes de recueillir leur part des noms, des titres, des biens de la famille, tous ceux qui les entouraient, parents, maîtres de pension, serviteurs, prirent a tâche de leur inculquer, dès le berceau, d'orgueil- leuses mais austères leçons d'honneur et de loyauté. En même temps, dans cet âge où l'enthousiasme est si prompt a naître, ils assistaient, pour ainsi parler, a la mise en pratique des théories économiques de leur père. Au châ- teau de Saint-Julien, théâtre de ses expériences, ils purent lire ses opuscules et ses poèmes, tout empreints d'un es- (1) Le marquis de Lezay avait trois enfants : Gabrielle de Lezay-Marnésia, mariée à Claude de lîeauharnais et mère de la princesse Stéphanie de Bade ; Adrien de Lezay-Marnésia, qui fut préfet du Bas-Rhin, né en 1770 ; Albert de Lezay-Marnésia, l'objet de celte notice.