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                          A VOL D'OISEAU.                         201

 fluence durant la saison d'été. Les perceptions alors deviennent
 plus vives , l'œil s'arrête avec un plaisir mieux senti sur le beau
 spectacle de la nature.
    Ici, remontant la vallée au sud-est, après avoir gravi la première
 côte, on découvre une de ces admirables perspectives en face
 desquelles le paysagiste enchanté saisit involontairement ses
pinceaux : genre pittoresque et gracieux, beautés monumentales,
aspects sévères et grandioses des contrées montagneuses, tout est
là, sous vos yeux, réuni en un même tableau d'effet saisissant.
    Au pied de la colline serpentent un frais vallon, et de grasses
prairies où l'on devine, plus qu'on ne voit, des eaux murmurantes
sous le dôme séculaire des grands noyers. Au-delà, sur le premier
plan, s'élève presque perpendiculaire, une plate-forme basaltique
surmontée de l'abbaye de Chanteuges, imposante construction ro-
mane qui se profile vigoureusement. Derrière, encadré dans une
magnifique échappée de vue, le joli village de Saint-Arcons,
perché à la crête des ravins de l'Allier, semble se mirer dans les
eaux rapides qu'il domine. Plus haut, à droite, des roches acciden-
tées et sauvages, des pentes abruptes, couvertes par endroits
d'une végétation luxuriante, se perdent en lointains vaporeux ; et
comme fond général, des masses vulcanisées s'échelonnent en
amphithéâtre jusqu'aux pics jumeaux de la Durande à l'extrême
horizon. Dans les replis de ces gorges se dérobent à nos regards
Prades, Sainte-Marie-des-Chazes, Pebrac où nous passerons
tout à l'heure,
   Voyous Chanteuges premièrement. On grimpe, au milieu du vil-
lage, à travers des maisons de pauvre apparence appliquées, pour
ainsi dire, aux parois de la roche et superposées littéralement
l'une à l'autre, pour suivre un sentier difficile débouchant au
faîte du plateau. Celui-ci s'allonge en promontoire battu d'un côté
par les flots tumultueux de l'Allier, arrosé de l'autre par le ruis-
seau de la Dège. La vue plonge d'abord en tous sens sur l'admi-
rable panorama pour venir s'arrêter aux ruines de l'abbaye. Sa
fondation remonte vers 936. Riche et prospère durant deux siècles,
elle déchut ensuite au rang de prieuré sous l'obédience de la
Chaise-Dieu, pour cause d'abus, où se révèle un trait caractéris-