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l08                      DE L*OISIV£Tfi
 en France ; mais je reproduirai la pensée de tous les hom-
 mes compétents, en disant que chez nous la terre est loin
 de donner tout ce qu'il serait permis d'attendre de son éten-
 due et de sa fertilité, et tout ce qu'exigerait l'alimentation
 publique pour être a la fois réparatrice et abondante.
    Comment faire cesser cette insuffisance de la production
 et l'imperfection de l'agriculture, qui en est l'une des cau-
 ses? Ce n'est pas ici le lieu d'indiquer tous les remèdes d'un
 état aussi fâcheux ; mais je n'hésite pas a dire que l'un des
 plus puissants et en même temps des plus pratiques, se-
rait l'application a l'agriculture des jeunes gens possesseurs
 de domaines étendus.
    Si ces propriétaires, après avoir terminé leurs études
 classiques, fréquentaient les écoles où l'on unit l'enseigne-
 ment agricole pratique à l'exposition des principes de la
science , ils rentreraient convenablement préparés dans
leurs terres et là, appliquant leurs capitaux avec ce mélange
de hardiesse et de prudence que permet la fortune et qu'ins-
pire la science , ils augmenteraient la production du sol,
ils seraient utiles au pays tout entier et ne nous laisse-
raient plus envier la fertilité que les Anglais et les Alle-
mands ont su donner a des terrains que la nature n'a pas
favorisés plus que les nôtres.
    Puis , quelle noble mission ne pourraient-ils pas remplir
dans les campagnes devenues le centre de leurs occupa-
tions ! Les paysans ne peuvent servir auprès de l'autorité
supérieure les intérêts de leur commune ; ils ne peuvent ni
comprendre les travaux d'utilité publique , ni veiller h leur
exécution : il faut pour ces œuvres qui exigent l'intelligence
et l'habitude des affaires, des hommes d'un esprit cultivé et
à qui leur position permet des démarches personnellement
infructueuses. Ce rôle incombe aux classes favorisées de la
fortune, qui manquent à leurs devoirs si elles ne savent pas
l'accepter.
   Pour moi, j'ai vu peu d'existences qui meparusseni aussi
utiles que celles des hommes intelligents et dévoués qui se
fixent dans les campagnes, et qui ne profitent de leur aisance
et de leur éducation que pour travailler au bien de tous ceux
qui les entourent, existences admirables parce qu'elles mo-
ralisent les populations en même temps qu'elles en amélio-
rent le sort, modestes et considérées tout à la fois et s'éloi-
gnant autant de l'ambition qui veut marquer sa place dans le