Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
90                        NOVEMBRE.
     Elle étale à mes yeux de splendides images ;
     Ou bien, tendre et rêveuse, elle peint des amants
     Et les bonheurs déçus elles secrets tourments.
     Tantôt, enflant sa voix au ton de l'épopée,
     Elle dit les hauts faits d'une vaillante épée,
     Ou sa baguette d'or, fouillant les temps passés
     Evoque du tombeau d'illustres trépassés.
     0 sœur des mauvais jours, ô Muse, sois bénie.
     Par toi tout est beauté, splendeur, grâce, harmonie
     A mes regards jaloux tes saints trésors ouverts,
     Me font, d'un cœur moins triste, attendre les hivers



     Eux aussi, du passé, sublimes héritages,
     Phares échelonnés sur l'océan des âges,
     Ils sont là près de moi, ces flambeaux où l'esprit,
     A d'immortels rayons s'éclaire et se mûrit.
     C'est Homère, Virgile ou Milton qui des anges,
     Dans les cicux enflammés, fait heurter les phalanges ;
     C'est Shakspcarc, le barde aux drames effrénés ;
     C'est Catulle et Lesbie, ou Dante et ses damnés,
     Horace et le bon sens, le génie et Molière...
     Oh ! j'oublie avec eux la Muse familière !
     Je les compare et vois comment un siècle est fort,
     Comment grandit soudain un peuple qu'on croit mort,
     Comment les nations, par les arts fécondées,
     S'avivent sous le choc des puissantes idées,
     Comment l'Humanité, s'élevant par degrés,
     A force de génie a conquis le Progrès.
     Voyageurs merveilleux, philosophes, poètes,
     Des récils de l'histoire émouvants interprètes,
     Amis toujours nouveaux, je vous aime, et par vous
     L'heure vole et les mois coulent remplis et doux.
     Oh ! quand mai sourira ; quand le parfum des roses
     Rapportera l'oubli des jours noirs et moroses ;
     Du soleil printanier quand les tièdes rayons
     Feront battre les cœurs et verdir les sillons,
     Plus de livres alors et plus de chansons vaines !
     Mais des courses au loin, sur les monts, dans les plaines ;