page suivante »
LE PÈRE DE LA CHAIZE. 61
vint bientôt contagieuse. Nous n'avons donc pas besoin de réfu-
ter l'absurde accusation portée si souvent contre Louis XIV
d'avoir exilé plusieurs centaines de mille de ses sujets, puisqu'il
mit tout en œuvre au contraire pour empêcher leur départ. Louis
n'exila que les ministres d'une religion dont le culte extérieur
était aboli ; mais cette mesure qui semblait devoir couper le mal
dans sa racine, fut précisément celle qui l'envenima au point de
lui donner les apparences d'un désastre. Furieux d'un exil qu'ils
eussent pu éviter sans deshonneur, les ministres protestants
placèrent leur fanatisme au dessus de leur patrie, et par leurs
appels incessants ils finirent par attirer dans leur e'xil un nombre
considérable de leurs malheureux coreligionnaires.
On s'est demandé souvent quel fut le nombre des émigrés.
Une assez grande obscurité a toujours régné sur ce point. Mais
ce qui peut sembler fort étrange c'est que les écrivains protes-
tants ont donné pour la plupart des nombres bien moins exagé-
rés que ceux fournis par quelques catholiques. On pourra en
juger par le tableau suivant que nous avons dressé avec soin
d'après les ouvrages de plusieurs historiens des deux commu-
nions.
PROTESTANTS. CATHOLIQUES-
Basnage (1), 3 ou 400 mille. Saint-Simon, cinq millions.
La Martinière (2), 2 ou 300 mille. La Fare, 800 mille.
Larrcy (3), 200 mille. Y u • t tantôt 250 mille.
Benoist (4), 200 mille. / tantôt 500 mille.
(Dans le détail qu'il donne il ne L'abbé de Caveyrac, 50 mille (5).
peut atteindre ù ce chiffre). Xe duc de Bourgogne, d'après le s
Sismondi, 400 mille. documents officiels fournis par les
étendants, 67,732 (6).
(1) Basnage, Unité de l'Église, p. 120.
(2) La Martinière, Hist. de Louis XIV, liv. 63, p. 327.
(3) Larrcy, Hist. d'Ânglet., t. iv, p. 664.
(4) Benoist, Hist. de l'Édit de Nantes, t. m, part. 3°, p. 1015.
(5) Apologie de Louis XIV.
(6) Mémoire du duc de Bourgogne sur la Révocation.