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328 EXPOSITION DES BEAUX-ARTS. car, si ma mémoire ne me trompe pas, cet artiste n'avait rien exposé à Paris, depuis 1845, —M. Cornu a fait sa réapparition avec un tableau pour tout bagage, Y Invention d'une statue de la Vierge, dont le sujet aurait très-heureusement été traité s'il y avait eu un peu plus d'animation dans cette scène toute légendaire. L'exposition de M. Jean-Marie Decœur, quoique aussi pau- vre que celle de M. Cornu est bien autrement importante par la valeur de sa petite toile intitulée : Un nid dans les pâquerettes. — Nul, plus que nous, ne déteste l'école prétendue réaliste mise en vogue... sinon en honneur par M. Courbet et ses dames aux mains vertes et au coi* jaune, mais nul plus que nous aussi ne prise ce mot RÉALISME dans le sens réel et intelligent que nous lui avons toujours supposé. — De la nature, comme de toute chose, il ne faut pas trop en prendre, car à côté du jardin anglais luxuriant de verdeur, de beauté et de vie, est la col- line noire surchargée de garrigues maussades qui, par une bi- zarrerie de la main distributive du hasard, viennent détruire le pittoresque effet du paysage. M. Decœur est gracieux dans son œuvre ; son nid de pâquerettes , posé dans un buisson de laurier rose, tromperait les yeux les mieux entendus. — La vraisem- blance est la règle immuable de ce peintre, aussi chacune de ses feuilles mortes, moellons donnés par la nature aux chantres de nos bois pour bâtir et façonner leurs berceaux, sont d'une adorable vérité. Allons M. Decœur, un peu plus de hardiesse et de virilité, mélangez cela sur votre palette et tout sera bien, très-bien. Si nous en avions le loisir, nous consacrerions aux portraitistes du temps présent, un article à part, tant ce genre mignard et soumis a séduit cette année-ci de têtes jeunes et naïves. • — M1,e Elisa Drojat, à côté de ses pauvres enfants, (pas confondre avec ses enfants pauvres), a présenté au jury un portrait de femme. J'aime peu le portrait. Ces grandes ou petites toiles qui réunissent, dans un assemblage plus ou moins bizarre, deux yeux, un nez, une bouche, deux oreilles, tout cela saupoudré d'un du- vet noir ou blond, ne parlent pas à mon esprit un langage com- préhensible. Non-seulement le cœur n'y trouve pas son compte mais encore ces couleurs sombres ou claires me font l'effet du