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EXPOSITION DES BEAUX-ARTS. 149 toutes nos prédilections. Pour traiter ces scènes familières le clin- quant est hors de mise ; aussi la réussite, quoique moins bruyante et moins éclatante, est d'un grand prix. Le tableau de M. Bellet Dupoisat, Marguerite à l'église, est, si nous ne nous trompons pas, un petit morceau d'une valeur incontestable. La couleur gé- nérale captive l'attention par sa vérité. Le maintien de cette femme qui adresse ses prières à Dieu, est exact sans affectation. Le caractère de l'ensemble ne sort pas de la situation. — Malgré nous, nous ne pouvons pas en dire autant des deux études de M. Belliveaux, élève de M. Drolling; Après l'inondation de 1856, la frayeur se montrait encore sur tous les visages, hommes, femmes, enfants, vieillards couraient sans ordre, pêle-mêle, les lieux du sinistre étaient couverts de corps à peine animés, de hardes, de débris de maisons ; M. Belliveaux encore impres- sionné, sans doute, par ces tristes souvenirs, ineffaçables dans toutes les têtes, les a retracés, le lendemain du jour de ces heures de deuil, avec incertitude et — qu'on nous passe le mot — trivialité. Sa main nous semble tremblottante, mal assurée; son pinceau courait par zigzag et revient sans cesse sur le blanc et le vert de Prusse. Voilà quels sont les tons flasques de cette toile terne, fade, sans distinction , tandis que peu chose pouvait rendre ce sujet attrayant pour tous les yeux et surtout pour tous les cœurs. L'Idylle de M. James Bertrand est heureusement traitée ; mais, quoique cela, je préfère mille fois la Fête villageoise de M. Fran- çois Biard. Devant cette fête villageoise personne ne passe sans s'arrêter, sans la saluer même par un gros et franc éclat de rire de bon augure. Rien ne manque à cette fête, trop mignarde seu- lement dans ses détails et trop recherchée dans sa composition : saltimbanques, joueurs de violon en plein vent, soldats amoureux de la galante grisette , gamins espiègles et friands. En voyant cette fête, champêtre, on voudrait y prendre sa part de plaisir. N'est-ce pas qu'un bal disposé ainsi en pleine campagne convient mieux à notre allure vraiment gauloise , que tous ces jardins musqués et ambroises dont sont affligées nos grandes villes ? Oup, oup, là on s'embrasse sans penser à mal ; on boit, on jacasse,