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LK l'ÈKK 1>E LA CHAIZE. \A1 éternelle gloire, comme elle sera l'éternel opprobre du jansé- nisme. L'expulsion des Jésuites eut une incalculable portée. Elle livra le champ de bataille aux Jansénistes, aux Parlements, aux phi- losophes, « à tous les libertins qui ne voulaient -plus de frein pour les mœurs (1). » Débarrassés des Jésuites et de leur morale corrompue , les philosophes vont démontrer le fanatisme et la sombre horreur du dogme janséniste, et ce que Rome n'aura pu vaincre avec ses foudres, ils en viendront facilement à bout par des épigrammes. Dans cette mêlée confuse, la religion livrée au mépris et à la dérision s'écroulera, et la philosophie triomphera sur ses ruines. Le Code de la nature remplacera l'Evangile. Plus d'obstacles sérieux en face des Parlements ; le trône est souillé et vermoulu ; ils lui imprimeront de violentes secousses, et, par leurs aveugles révoltes, ils ouvriront la porte à la Révolution française. Au moment où les philosophes déifient la raison, où le scep- ticisme étend ses ravages dans tous les rangs de la société, dans ce Paris qui est devenu la capitale du doute, de l'ironie et de l'impiété, tout à coup, étrange contraste ! on entend circuler la nouvelle que de nombreux miracles s'opèrent chaque jour sur le tombeau d'un diacre janséniste. C'était une nouvelle inven- tion de la secte agonisante pour conquérir de nouveaux prosé- lytes. Plus ces prétendus miracles étaient absurdes et invrai- semblables , mieux ils servirent de pâture à la crédulité populaire. Qui n'a entendu parler du cimetière de Saint- Médard et des scènes immondes et ridicules dont il fut le théâtre? Qui ne sait que, pendant plusieurs années, Paris et la France n'eurent d'autre sujet d'entretien que les gambades des convulsionnaires ? ces fanatiques s'étaient divisés en une foule de sectes bizarres : convulsionistes , anti-convulsionistes, figuristes, anti-figuristes, mélangistes, augustinistes, éliziens, vail- lanlins, discernants, secouristes se donnèrent tour à tour en spectacle. Les femmes jouaient dans ces folies les rôles les plus (1)'Sismondi. Histoire des Français, p, ?32