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ne» LK l'ÈRI'. DM LA CIIAIZE. tholiques de la parfaite orthodoxie du jansénisme, en second lien de s'emparer de l'éducation des enfants de la haute noblesse et de la haute bourgeoisie. Aussi, voyez avec quelle ardeur, à partir de la paix de Clément IX , ils se livrent à la poursuite de leurs projets. Port-Royal devient un inépuisable laboratoire de livres de morale , de livres de controverse , de livres d'éducation. Pour donner le change aux catholiques, Arnauld et Nicole atta- quent les protestants dans leur célèbre Traité de la perpétuité de la foi. C'était d'ailleurs un livre plein de science, d'une irrépro- chable orthodoxie, d'une dialectique serrée et lumineuse qui pouvait être utile dans les circonstances. Ce Trailé, il est vrai , ne se distinguait ni par l'éloquence, ni par le style, mais son extrême clarté d'exposition et la réputation d'Arnauld et de Nicole lui conquirent bientôt les suffrages unanimes du monde catholique. Jusqu'alors les protestants avaient acclamé le jansénisme comme une doctrine amie ; en France, en Angleterre , en Allemagne , leurs gazettes et leurs ministres avaient uni leurs louanges pour exalter la gloire et les réformes de MM. de Port-Royal. Il s'agis- sait d'écarter de tels éloges , de renier la parenté de la doctrine de l'évèque d'Ypres avec celle de Calvin et de Luther. Arnauld et Nicole y réussirent en partie. Ce ne l'ut pas sans protestation delà part des réformés. Lorsque après avoir considéré les jansé- nistes comme des alliés, ils ne virent plus en eux que d'implaca- bles adversaires , ils dévoilèrent à l'cnvi toutes leurs manœu- vres et s'attachèrent à établir clairement les points de ressem- blance de leur doctrine avec celle du protestantisme. « Les Jansénistes, disait Juricu , se sont entièrement rapprochés de nous sur la matière de la grâce ; mais en se rapprochant de nous , ils ont tra- vaillé h nous éloigner d'eux ; et, pour se j astifier, d'être calvinistes, ils nous attribuent des pensées non seulement que nous n'avons pas, mais qu'avec une mauvaise foi insigne ils savaient très-bien que nous n'avions pas. » « Bayle , après leur avoir reproche de soutenir avec chaleur qu'ils n'é- taient pas calvinistes , ajoute que pour s'en défendre ils n'usent que d'ar- iifices et de distinctions mal fondées. (1). » Après avoir cité plusieurs pas- sages de livres jansénistes et clairement établi tous les points de simili- tude de leur doctrine avec le calvinisme , Juricu ajoute : « De tous ces extraits, il paraît deux choses : la première que l'abbé de Saint-Cyran avait (1) Dictionnaire historique de Bayle, au mot Jansénius.