Revue du Lyonnais » série 2 - n°13 ( 1856 ) » pp.464

464          NOTICE SUR GUILLAUME DE THURBY.

 Le roi de Navarre, Charles-le-Mauvais, échappé de sa pri-
son avait armé contre le Dauphin, mais grâce à la mé-
diation de notre archevêque qu'Innocent IV avait envoyé
à Paris, les deux princes firent, en 1359, un traité qui mil
fin à leurs débals.
   Le 6 mars de celte même année, Louis, comte de Forez,
après avoir ratifié une transaction passée entre lui, l'arche-
vêque et le Chapitre , fit, en leur présence , hommage à
l'Église de Lyon.
    II y avait alors de fréquents rapports de tout genre entre
Lyon et Avignon, où siégeait la cour papale, et pendant que
la France était en proie au fléau d'une guerre intestine qui
livrait notre ville à d'incessantes alarmes, Avignon, après avoir
échappé aux horreurs de la peste noire, avait retrouvé ses
anciennes joies ; les prélats italiens y déployaient leur luxe,
et le sacré collège n'y offrait pas toujours « l'exemple des
vertus que doit donner l'Église. » Un fameux prédicateur de
cette époque, Frère Jean de Rochetaillée, né près de Lyon ,
ne put contenir son indignation, mais il exagéra tellement
les désordres contre lesquels il déclamait que le Pape le fit
mettre en prison. Froissart qui avait déjà parlé de ce moine
dans le chapitre 124 de la 2 me partie du 1 er livre de ses Chro-
niques, nous a conservé (I. III, c. 27) un apologue que ce
religieux avait fait entrer dans sa défense : « Il fut une
fois, disait Frère Jean, un oiseau qui naquit et apparut
au monde sans plumes. Les autres oiseaux, quand ils le
sçurent, Tallèrent voir, pour tant qu'il êtoit si bel et si
plaisant en regard. Si imaginèrent sur lui et se conseillèrent
quelle chose ils en feroient, car sans plumes il ne pouvoit
voler , et sans voler il ne pouvoit vivre. Donc , dirent qu'ils
vouloient qu'il vesquist, car il étoit trop purement bel. A
donc n'y eut là oisel qui ne lui donnât de ses plumes, et
plus étoient gentils et plus lui en donnoient; et tant que cil