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460              DE LA DÉCADENCE ROMAINE.
passant l'ayant quelque peu froissé, il intenta un procès à
ce maladroit, pour avoir dérangé la structure de ses vête-
ments, structurant togœ. — Macrob. Saturn. n. 9. — Plin.
x. 23. — xxxiv. 18.
   La gloire d'Hortensius fut effacée par celle d'Aufidius
Lurco qui se mit a engraisser des paons, et se procura ,
en pratiquant cette industrie, un revenu considérable. Les
plus estimés de ces oiseaux se tiraient de Samos. Leur
éducation demandait des soins très-délicats que les sim-
ples habitants de la campagne pouvaient prendre difficile-
ment. Les auteurs entrent dans de grands détails à cet
égard , fit il paraît que la peine et les frais se compen-
saient par de beaux bénéfices. On donnait des œufs de
paons , pour les couver, à des poules, et c'est avec des
sauterelles auxquelles on coupait les pattes qu'on nourris-
sait les paonneaux. On en entretenait des troupeaux dans
les petites îles boisées des côtes d'Italie. Il semble que la
chair demande un excellent estomac : Juvénal la qualifie
d'indigeste, crudum pavonem. — i, 143. — Galien porte le
même jugement et dit qu'on la battait sous des pierres afin
de l'attendrir. Il est donc à présumer que dans la cherté
consistait le principal mérite culinaire de l'oiseau de Junon,
et l'on sait combien le luxe estime tout ce qui est cher.
Horace partageait cette opinion : il dit que le paon se voit
seulement servi, parce que c'est un oiseau rare, qui s'achète
au prix de l'or, quia veneat auro rara avis. — Sat. u. 2 ,
25. — Cependant nos pères l'ont mangé, et du temps d'O-
livier de Serres on le regardait comme « le roi de la volaille
terrestre, en ce qu'on ne pouvait voir rien de plus agréable
que le manteau de cet oiseau , ni goûter une chair plus ex-
quise que la sienne. » Vitellius et Héliogabale se faisaient
apprêter des cervelles de paons , et le dernier exigeait en-
core des langues qui, avec celles de rossignols, s'adminis-