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M. DE MIRECOURT. 420
ne pas nous en donner un éloge comme appréciation litté-
raire. 11 est évident que M. de Mirecourt confond la poésie
et le petit salé.
En ai-je assez cité pour faire juger a son tour, par le
public, ce prétendu juge de la littérature contemporaine ?
Ai-je assez mis au jour le fonds banal, médiocre , vulgaire
que recouvre ce style boursouflé, délayé, ridicule? On com-
prend que je ne puisse multiplier les exemples au-delà d'une
certaine mesure ; mais pour me résumer d'un mot et pour
employer une expression du biographe, je lui défends d'ex-
traire de ses livres une seule pensée qui ne soit pas tirée du
fonds commun sur lequel vivent les écrivains au kilomètre ,
les moutons littéraires qui n'ont pas d'idée a eux et qui
paissent sur les terrains vagues de l'intelligence ; je lui dé-
fends de me montrer dans aucune de ses biographies litté-
raires, artistiques ou politiques un jugement neuf, une ap-
préciation originale, une opinion large et éclairée, quelque
chose enfin qui sorte du chemin battu et de la déclamation
rebattue, de la routine et de la tartine. M. de Mirecourt est
une ombre, un reflet, une queue ; il n'a rien à lui, ni fond,
ni forme. Il loge des mannequins d'idées dans des phrases
d'occasion ; il fait partie de la confection littéraire. Un poète,
accusé d'imitation, a pu dire :
K Mon verre n'est pas grand, mais je bois dans mon verre. »
M. de Mirecourt n'a, a lui, de verre d'aucune sorte; il n'en
aura jamais ; il boit à la gourde banale ; il mange et il man-
gera toujours a la grande gamelle commune où les fantas-
sins de la littérature harponnent les lieux communs de ren-
contre et les phrases de hazard dont se compose leur indi-
geste pâture.
ANERIES DE M. DE MIRECOURT.
Ce n'est pas nous qui inventons le mot, M. de Mirecourt