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420                    M. DE M1RECOUKT.

  « paradoxes, un démenti le fait rugir, une contradiction le
 « rend hydrophobe.
    « Otez-lui la plume, le socialiste féroce devient un bour-
 « geois paisible, l'ogre boit du lait, le tigre se change en
 « mouton. » (Proudhon, 50.)
    Ici le mécanisme est peu compliqué et laisse voir facile-
 ment ses ficelles. Les phrases s'engrènent les unes dans les
 autres comme les dents de deux roues égales qui peuvent
 tourner sans difficulté pendant un temps indéfini. C'est un
 style a échappement. Il n'y a pas de raison pour que cette
 succession de petites phrases analogues, exprimant chacune
la même idée et n'étant pas le complément mais la répéti-
 tion l'une de l'autre, s'arrête jamais. Une telle manière d'é-
crire remplace l'art par le métier et noie l'idée dans les dé-
layages. Le style devient lâche et mou, ces redondances
 successives allongent la période et lui donnent une chute
mélodique, mais acquise aux dépens de l'énergie. Lorsque
la chair s'accumule et n'est plus en rapport avec la char-
pente osseuse, la bouffissure arrive : cette phraséologie pâ-
teuse est la bouffissure du style.
    Les métaphores pullulent sous la plume de M. de Mire-
court; elles occupent un bon tiers de ses petits volumes.
Passe encore si elles étaient justes ; mais la plupart sont
ampoulées, vulgaires et amphigouriques au-delà de toute
expression. Nous en citerons encore deux exemples :
    « Proudhon s'élance à la tribune, lâche tous les tonner-
« res de sa voix, attaque l'ordre social avec délire, en fait
« un amas de décombres, y traîne par les cheveux la pro-
« priété pantelante et la soufflette sur les deux joues aux
« cris de scandale de ses collègues. » {Proudhon, 73).
   Cette grotesque tirade éveille invinciblement dans l'esprit
du lecteur l'image d'un traître de mélodrame braillant sa tirade
à effet, a grand renfort de hoquets et de dislocation du dia-