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414 M. DE MIRECOURT. a été le rôle de Lamennais et quelle influence il a exercée sur les idées de son temps. De même dans les sciences et dans les arts. La biographie d'Arago ne mentionne qu'en passant et par une nomenclature incomplète, reléguée dans une note, les découvertes et les travaux du Savant immortel, mais elle nous apprend qu'il dormait dans un bonnet de coton et qu'il ronflait la nuit. Les volumes consacrés a Meyerbeer, a Rossini et à Félicien David dénotent chez M. de Mirecourt une ignorance complète des notions techniques de la musique; les appréciations sur MM. H.Vernet et Ingres révèlent un critique de peinture tout à fait inexpert. Eh bien ! lorsque les hommes sont ainsi jugés, non pas sur les œuvres qui ont fondé leur célébrité et qui donnent leur véritable mesure, mais d'après leur vie privée et les petites anecdotes sur lesquelles le critique ignorant est forcé de se rabattre, il n'y a plus de biographie utile et large, il n'y a qu'un amas de cancans raccrochés çà et la et dont n'a que faire l'histoire d'une époque. Si M. de Mirecourt n'avait pas dit qu'il écrivait l'histoire vivante et s'il n'avait pas manifesté la prétention de donner comme un monument l'ensemble de ses caquetages veni- meux, nous ne discuterions pas autre chose que ses petites anecdotes méchantes, mais prétention oblige, et M. de Mire- court ne justifie pas la sienne. Il a tout juste les connais- sances nécessaires pour donner en littérature certaines ap- préciations dont nous fournirons quelques échantillons. Sur ce terrain, il est un peu plus à son aise que sur celui des sciences, et il porte hardiment des jugements de la profon- deur de celui-ci : « Flûte mélodieuse, Lamartine charme et parfois endort. « Clairon aux notes de cuivre, Hugo réveille, électrise et « sonne le boute-selle, pour enfourcher Pégase au bord de « l'Hippocrène.