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370 VOIE ROMAINE.
pente de la côte actuelle n'est pas égale partout,, tandis que
la voie antique offrait a peu près la même sur tous les
points (1). Les blocs de granit dont elle se composait devant
la maison Tabard étaient d'une grosseur remarquable : quel
ques-uns allaient jusqu'à 2 mètres 70 cent, sur une largeur
de 1 mètre 25 cent. Ils reposaient dans cet espace com-
pris entre la rue Bouteille et celle de l'Annonciade sur une
couche de terre franche de plus de 50 cent, d'épaisseur
battue et serrée a l'aide de pilons ferrés. Au dessous, le
terrain était formé d'un blocage composé de sable, de gra-
vier et de débris informes de granit provenant de ceux
qu'on trouve encore aux environs, le tout taché d'oxide de
fer. Cette combinaison est-elle l'effet du hasard ou serait-elle
le résultat d'un travail de la nature du rudus, dont parle
Vitruve, et ayant pour but la consolidation du sol destiné Ã
recevoir la terre franche formant l'office de nucleus, et dans
laquelle le sommum dorsum, ou blocs supérieurs , était in-
crusté ?
Les deux opinions peuvent également être soutenues ;
cependant, nous sommes très-porté h adopter la seconde,
parce que les anciens, si prévoyants dans l'exécution de leurs
travaux publics, et spécialement dans l'établissement des
voies de communication, s'inquiétaient toujours de la solidité
du sol avant d'y asseoir un travail quelconque. Nous avons
cité les magnifiques travaux préparatoires qu'ils exécutaient
pour la formation des grands chemins de l'empire (2) et notre
voie romaine nous en a fourni un exemple sous la place des
Carmélites (3).
Quoique le terrain de la côte au-dessus contienne beau-
(1) Sept à huit centimètres environ.
(2) Voir Bergicr, Histoire des grands chemins de l'Empire.
(3) Voir la première partie de notre travail.