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356 CORlîESPONDANCE INÉDIT1': raient insuffisants, ne pas hésiter à fondre toute la vaisselle et autres meubles d'or et d'argent, mettre en gage les joyaux de la couronne, supprimer toute dépense de luxe. Le Saint Père s'engageait de plus à faire contracter à son fils des em- prunts à Genève et à lui faire avancer des sommes considé- rables par les cardinaux. Il lui promettait en outre de lui venir en aide par tous les moyens en son pouvoir, à la condi- tion toutefois que Louis entrerait résolument en action, qu'il se mettrait à la tête de ses troupes et paierait bra- vement de sa personne. A ces encouragements, Félix V ajou- tait les leçons d'une sage politique. Il engageait son fils à réclamer le secours et la coopération du duc de Bourgogne, du sire d'Armagnac et du prince d'Orange, puissants alliés de la maison de Savoie, mais par dessus toute chose à bien poser ses conditions avec les Milanais au point de vue de l'a- venir, le pape prévoyant bien que la haine que ces derniers portaient à Sforza profiterait a Louis, et qu'après l'épreuve malheureuse qu'ils venaient de faire du gouvernement répu- blicain, ils laisseraient facilement tomber sur la léle de son fils la couronne de Lombardie, prévision d'autant mieux fon- dée que déjà flottaient sur les remparts de Milan les armes et panonceaux de la maison de Savoie. Tous ces calculs étaient justes, le plan bien tracé, le résultat à peu près certain. Mais l'instrument était mauvais ; Louis était à la fois dépourvu de talents militaires, de volonté et de persévérance. Les sommes considérables mises à sa disposilion furent aussitôt détournées de leur destination et devinrent la proie des insa- tiables Cypriotes amenés et entretenus par Anne de Chypre à la cour de Savoie. Le commandement des troupes destinées à la défense du Milanais fut confié à Jean de Compeys, fa- vori de la duchesse Anne de Chypre, plus expert aux intri- gues de la cour qu'à la stratégie militaire, comme l'événement le prouva bientôt. En effet, après avoir pris l'offensive et