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LÀ BÉNÉDICTION PAPALE A ROME. 329 espèrent et prient dans la communauté d'un seul et même sentiment, d'un seul et même culte. Tout autour de ce sanctuaire, a l'ombre de voûtes resplen- dissantes de marbre, d'or, de mosaïques, de riches sculp- tures au milieu desquelles le regard essaye vainement de se retrouver, sont échelonnés, dans des tribunes richement décorées, des princes, des ambassadeurs, des généraux re- vêtus des riches costumes de leur emploi, et tout a fait en bas autour du chœur toute la cour romaine et plus de trois cents princes de l'Eglise, patriarches, archevêques, évêques. Puis à droite et a gauche, en dehors de la table de la com- munion, sur des estrades réservées, un grand nombre de femmes voilées et vêtues de noir ajoutent par cette sévère tenue un saisissant contraste ; il semble qu'en ce jour de luxe et de triomphe pour l'Eglise, le sexe par qui le mal est entré dans le monde doit expier sous le linceul de la péni- tence jusqu'au souvenir de cette faute héréditaire. A leurs pieds et dans tout le reste de l'édifice, circule une immense multitude que peut difficilement contenir une double haie de nos braves soldats. Cette foule murmurante et agitée comme un essaim d'abeilles, se tait tout à coup et reste immobile. La lourde porte d'airain de la grande nef s'ouvre, l'ondulation sonore du métal ébranlé et roulant sur lui-même s'est à peine éteinte dans cette longue succession d'échos mille fois répétés, qu'une voix claire, étendue, et mélodieuse formule ces significatives paroles : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église; ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel ; ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel. » Le chœur et les fidèles répètent ce même chant, et le souverain pontife, porté sur son trône par seize hommes vêtus de longues soutanes rouges, paraît escorté de sa garde noble, de sa garde suisse et de tous ses camériers.