Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
308                   M. DE MIRECOURT.

 êtes conduit tout droit à adopter avec enthousiasme les
 théories de l'incorruptible Robespierre !
    M. de Mirecourt s'est tellement enferré dans sa malheu-
 reuse justification qu'il en vient a imprimer cette phrase :
 « M. Alphonse Karr n'est.point un écrivain antisocial, dont
 « il soit urgent de fouiller la vie pour mettre ses actes
 « en désaccord avec ses doctrines. » Qu'est-ce que cela
veut dire? Si les doctrines sont anti-sociales, elles sont
mauvaises et pernicieuses; si la vie de l'écrivain est en
désaccord avec ses doctrines, elle est bonne et honnête.
Vous êtes donc un maladroit, vous qui combattez ces doc-
trines, de faire voir qu'elles sont défendues par un homme
vertueux.
   De deux choses l'une : ou l'écrivain prêche le bien ou il
prêche le mal. S'il prêche le bien et qu'il se conduise mal,
vous nuisez à ses bonnes doctrines en signalant sa mauvaise
conduite, donc vous avez tort. S'il prêche le mal et qu'il se
conduise bien, vous fortifiez ses mauvaises doctrines en les
appuyant de la moralité de leur auteur, donc vous avez tort.
Enfin s'il prêche le mal et qu'il se conduise mal, il est lo-
gique, et vous ne pouvez mettre sa vie en désaccord avec
ses doctrines. Votre raisonnement n'a donc aucune valeur
et ne vous justifie dans aucun cas d'entrer dans la vie privée
des gens dont vous écrivez l'histoire.
   M. de Mirecourt condamne d'ailleurs lui-même sa mau-
vaise excuse, en attaquant la vie intime de personnages tels
que MM. Guizot, Véron et Sainte-Beuve, etc. qui sont loin
d'être des écrivains anti-sociaux. D'autre part, quand il se
trouve en face d'hommes politiques qu'il a quelque raison
de ménager, il sait fort bien user d'indulgence envers leurs
mœurs un peu relâchées.
   De tous ces petits livres, aucun n'est impartial. Le bio-
graphe juge constamment l'homme et non les œuvres. H