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290 DE LA DÉCADENCE ROMAINE.
Claude n'avait pas assez d'esprit pour être magnifique.
On prétend que son estomac était toujours prêt a boire
et à manger, a quelque heure et dans quelque lieu que
ce fût. Un jour qu'il jugeait dans le forum d'Auguste,
son odorat ayant senti les apprêts d'un festin pour les
prêtres saliens , il quitta son tribunal, se rendit au milieu
de ces prêtres et mangea avec eux. Il ne sortait de table
que repu , et h cause de cela, pendant son sommeil, on
lui passait une plume dans la gorge pour le faire vomir.
Il donna des repas où il y eut jusqu'à six cents invités. Dans
un de ces festins, près de Yemissarium du lac Fucin, les
eaux ayant fait irruption , les convives manquèrent d'être
submergés. — Suet. inClaud. 32-33.
Néron porta très-haut la science de toutes les jouissances
matérielles ; mais je citerai seulement quelques-uns de ses
exploits gastronomiques. Le méprisable Tigellin, voulant
dignement traiter son maître, fit construire sur une grande
pièce d'eau du Champ de Mars, in stagno agrippée un navire
dans lequel on disposa le festin. Cette nef de circonstance
fut remorquée au moyen de galères enrichies d'or et d'i-
voire , et manœuvrées par. de jeunes et infâmes rameurs ,
rémiges exoleti, rangés par ordre suivant leur âge et scien-
liam libidinum. Il avait fait venir tout ce qu'on connaissait
de plus rare en oiseaux, en animaux terrestres et en pois-
sons. Sur les bords de la pièce d'eau on voyait des lupa-
naria, occupés par des dames appartenant a la haute société
romaine , et près d'elles des prostituées toutes nues , dont
les gestes et les postures indécentes amusaient les convives.
Quand la nuit vint, la musique et l'illumination continuèrent
la fête, et l'orgie se compléta, quelques jours après, par le
plus abominable et le plus extravagant des mariages. — Tac.
ann. xv. 37.
On comprend très-bien, qu'avec toutes les jouissances