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ARCHÉOLOGIE. 273 chiépiscopat, sans avoir, en dépit de toutes les conjectures , d'autre origine plus apparente que le voisinage de la montagne connue sous le nom latin de Mons Pilatus (I). Au surplus cette tradition elle-même n'était pas universelle- ment reconnue. Plusieurs autres villes, Rome et Rimini en Italie, Forcheim en Allemagne, disputaient à Vienne cet illustre conci- toyen, et montraient aussi sa maison, ses jardins et le lieu où il s'était donné la mort. Il n'y a pas jusqu'à une cité voisine qui, toujours émue de cette jalousie riveraine que signale Tacite , n'ait eu la prétention d'enlever ce fleuron à la couronne de sa rivale. Cette autre primauté serait sujette à discussion et les textes ne manqueraient pas pour répliquer aux textes, mais Dieu nous garde de revenir sur un point dont un vieil historien du Dauphiné s'est généreusement départi en ces termes : « D'autres soutiennent que Pilate était de Lyon, et quant à ce qui est de moi je le cède de grand cœur aux Lyonnais » (2). Alfred de TERREBASSE. (1) Pilât, pilos habere incipit ; alias pro detrahit pilos, a quo depilati. (Pauli Diaconi excerpta ex lib. Pomp. Fcsti do significatione verborum lib. xiv). D'après cette étymologie, rapprochée du sens figuré pitler que don- nent au verbe pilarc plusieurs passages d'Ammien Marcellin, le nom de Pilatus, Pilât équivaudrait à celui de chauve, pelé, dépouillé, qui caracté- rise parfaitement les crêtes rocheuses, nues et grisâtres de celte montagne. (Amm. Marcellinus ex éd. Jac. Gronovii; Lugd. Batav. 1693, in-4, lib. xiv, cap. n). Parla suite, et à raison sans doute de la légende, Mons Pilatus s'est converti en Mons Pilati, le Mont-Pilat, comme on l'écrivait autrefois et le Mont-Pilat, comme on l'écrit aujourd'hui, en supprimant la lettre étymo- logique. (2) Alii Pilatum fuisse Lugdunenscm asserunt, et quantum ad me attinet, eum liberaliter Lugdunensibus dono. (Aymari Rivallii delphinatis de Allo- brogibus libri novem ex autographo codiee editi ; Viennœ Allobroguni, 1844, in-8, p. 295). 18