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266 CHANT DU BtUGAND.
J'aime un coursier jeune et farouche, Un noir rocher pend sur sa rive,
Dont l'écume inonde la bouche Du rocher s'élance une croix ;
Et qui fait pleuvoir sur mon sein Le nautonier, l'onde plaintive,
Le sang dont il baigne son frein ! Le soir y confondent, leurs vois.
J'aime que son regard s'allume
Quand l'airain parle de combats, Oh ! quand venait la primevère
Que sous ses pieds la terre fume, Que de fois j'y suivis ma mère,
Que le rocher vole en éclats ! Folâtre et du pieux chemin,
Habile à retarder la fin t
J'aime une belle désolée J'allais poursuivant l'hirondelle
Qui, palpitante, échevelée, Ou le papillon sur les fleurs ;
Fait étinceler sur mon sein A l'une j'enviais son aile,
Le poignarâ que brandit sa main ! A Vautre ses vives couleurs*
J'aime qu'une pudique rage
Arme d'éclairs son grand osil noir; Une larme sous ma paupière !.....
Que toutes les voix du rivage Une larme !.., pour toi ma mère !
Répondent à son désespoir ! Pour toi, pour toi cette autre encor,
D'un cœur brisé dernier trésor !
Qui fuit là -bas parmi la plaine ? Vous dont le souvenir me brave,
Où vont ces vieillards hors d'haleine, Visions de mes anciens jours,
Ces pâtres poussant à grands cris Que voulez-vous, rêves d'esclave,
Enfants et troupeau* ahuris? Ah! fuyez! adieu pour toujours!
D'où vient que partout à la ronde
Mille échos hurlent à la fois ? Hier, en bon et saint ermite,
Holà ? qu'est-ce? la fin du monde? A la cité je fis visite ;
Non ! c'est Lui qui sort de ses bois ! Une potence, élégamment,
V balançait un fruit vivant ;
Lui ! Lui ! c'est le nom qu'ils me donnent, Ou eut dit que, fuyant la terre,
Le titre dont ils me couronnent ! H se jouait avec le vent !
De leurs calendriers de nains Ce gai danseur.... c'était mon pfeïe '.
Vis un nom ne m'allait aux reins : Buvons aux destins du brigand !
Lui, c'est le sombre météore
Que la peste suivra demain ! Sous ce crâne où l'or étincelle
Lui, c'est la foudre qui dévore, A rayonné l'œil de ma belle !
C'est tout l'enfer brisant son frein ! Qu'il pare nos bruyants festins
Et veille encore à nos destins!
Fourlant, j'eus un nom doux à dire, Bestes chéris, coupe sacrée,
Que nul n'aurait osé maudire, Q'un vin pur inonde tes bords !
Un non) de mère, un nom de sœur, Qu'à jamais ma lèvre altérée
De ces noms que donne le cœur ! V puise de nouveaux transports !
Qui donc en a voulu l'échange?
Qui brisa mes rêves d'enfant? Oh ! comme à l'heure du carnage,
Qui fit un démon de cet ange ? Élénore, une sombre rage
Qui le premier m é d i t : «brigand! » Faisait flotter tes noirs cheveux
Sur ton front sillonné de feux !
Je sais une verte colline Terrible comme la tempête
OU fleurit la blanche églantine ; Qui rugit aux cimes des monts,
Je sais un lac où d'un ciel pur Comme la louve qui s'apprête
Sv mire le riant azur; A défendre ses nourrissons !