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SUR LA VIE FUTURE. 181
descendent, sur des chars aériens, Kuveras, Yanias Varunas,
Indras, génies des éléments, et Çivas, dieu de la nature, et
Brahma, créateur des mondes, accompagnés des rois béatifiés,
et de Daçarathas , père de Râmas ( 4 ). Leurs chars étince-
lants inondent de lumière et le camp des guerriers et la ville
de Lanka et les riches forêts qui l'entourent ; et Brahma, s'a-
dressant an héros, le bénit au nom de tous les dieux, et le
félicite de cette victoire supérieure à tout pouvoir humain, que
Vishnus, conservateur des êtres, vient d'accomplir lui-même
sous ses traits. Pendant que le héros modeste s'incline, saisi d'un
pieux effroi, devant cette révélation merveilleuse, il voit sa
bien-aiinée Sîta, sortie triomphante de l'épreuve, souriant au
milieu de la flamme qui l'entoure comme une auréole ; il voit
son père Daçarathas dont le char aérien resplendit sur sa tête,
et aussitôt, averti par Brahma, secondé par son frère fidèle,
Râmas touche les pieds de son père avec un affectueux respect.
Daçarathas , transporté de joie à l'aspect de ces fils qu'il aime
plus que la vie, Ã l'aspect de la vertueuse Sita, abaisse son vol
vers la terre et s'adresse ainsi à Râmas :
« Le ciel et la présence des dieux furent pour moi sans
charmes en ton absence ; le vœu de ta belle-mère demandant
ton exil était grave dans mon cœur affligé. Mais aujourd'hui, ente
voyant heureux, en jouissant de ta douceétreinte, je me sens allégé
de soucis comme le soleil qui s'élance des nuages. Tu m'as sauvé,
fils bien-aimé, par ta résolution magnanime, aussi efficacement
qu'un père juste serait sauvé par les huit voix célestes. Je com-
prends maintenant la volonté suprême qui ne t'a imposé cet exil
(1) Cette descente merveilleuse des dieux , qui couronne noblement le
poème , est peinte plus vivement encore dans le résumé du Râmâyan, in-
séré sous forme d'épisode au livre III du Mahà bhà rat : « Alors le dieu pur,
émané du lotus, le dieu à quatre faces, seul créateur des mondes , et avec
lui les dieux des éléments, Indras, Agnis, Vâyus, Yamas, Varunas, Kuvéras,
descendirent sur des chars aériens , accompagnés des sept Rishis, et de
Daçarathas, père du héros, étineelant sur son char de lumière que traînaient
des cygnes aux ailes blanches ; et le lirmament, ainsi peuplé de dieux et de gé-
nies célestes, rayonnait comme un ciel d'automne émaitlé de constellations.»