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                             BAILE.                              151
   11 ne rêvait que de grandes choses et souvent ses forces phy-
siques n'étaient pas en rapport avec l'ampleur de sa pensée. Alors
ce n'était que par les plus grands efforts de sa volonté et sa té-
nacité au travail qu'il réussissait à les mener à bonne fin.
   Si parfois il péchait du côté de la parfaite intelligence de la
forme, il rachetait ce défaut parla richesse du coloris, la hardiesse
de ses oppositions et quelquefois l'ingénuité de ses sujets. Il
réussissait admirablement à poétiser ses fleurs. Plusieurs de ses
tableaux sont aussi attachants que les plus belles pages d'un roman.
   Enfin nous répéterons une phrase de M. F. Le page, l'un de
ses professeurs, phrase par laquelle il nous indiquait la haute
estime qu'il avait pour Baile. « Il n'a pas , disait-il, la richesse
et la vigueur de Baptiste ; il n'a pas l'admirable fini de Van
Huysum , mais il tient avantageusement de ces deux grands
maîtres. »
   Pour mieux faire connaitre ce caractère doux et modeste, nous
donnerons la copie d'une lettre qu'il écrivait en 18S1 à M. le
Maire de la ville de Lyon, au sujet d'un tableau qu'on voit aujour-
d'hui au Palais-des-Arts. En lisant ces quelques lignes humbles
et presque craintives il semble qu'on l'entend lui-même ; obligé
à faire son éloge et à parler de ses succès, on devine qu'il rou-
gissait en jetant ses idées sur le papier.
        Monsieur le Maire,
   « L'honorable Monsieur Âuberthier a eu l'obligeance de se
rendre mon interprète auprès de vous pour vous prier de faire
acheter par la ville mon tableau qui se trouve à l'exposition de
cette année. Vous avez bien voulu accueillir cette demande avec
bonté, mais vous avez dit qu'il fallait qu'elle fût faite par écrit
pour pouvoir être soumise au Conseil municipal. Vous avez dit,
en même temps, qu'il convenait qu'elle fût accompagnée de
quelques renseignements sur mes antécédents et sur ma position
actuelle.
   « Encouragé par un aussi bienveillant accueil, j'ose donc au-
jourd'hui m'adresser directement à vous pour solliciter la faveur
réclamée, en mon nom, par Monsieur Auberthier. Quant aux
renseignements que vous désirez les voici :