page suivante »
DES INONDATIONS EN FRANCE. 147 que du limon ou des sables et formant sur les à côtés, où la vitesse sera moindre, le dépôt des sables d'abord et plus loin du limon ; de là l'exhaussement des terres basses et froides et des bas fonds bordant les fleuves, puis l'amendement et l'engrais des terrains ainsi exhaussés. En un mot, la puissance dévastatrice des eaux transformée en une puissance productrice, fécondante , pour exhausser les terrains , les amender, et changer des vallées froides , humides ou marécageuses en de vallées riches et fertiles. Aujourd'hui l'homme, en dérivant les eaux rapides , les amène sur des roues hydrauliques et parvient à changer des courants dangereux en des forces productives pour l'industrie ; demain ce même homme, en retardant et utilisant les eaux dé- bordées , remplacera leur action dévastatrice, par une action régulière et progressive, qui exhaussera et modifiera les vallées froides, et répartira sur de vastes plaines ces quantités immen- ses de débris fertilisateurs qui vont se perdre dans la mer. Quant aux travaux d'art, digues insubmersibles , barrages, e t c . , réservons-les pour les localités exceptionnelles, où il faut à tout prix mettre à l'abri des villes ou des bourgades. Réser- vons-les aussi pour former des lacs artificiels , dont quelques bassins permettront l'établissement. Avec l'action combinée de ces moyens prescrits par une loi sagement étudiée , nous verrons en peu d'années les effets des- tructeurs des inondations amoindris; nous verrons des effets bienfaisants s'étendre, à chaque inondation, sur les rives de nos fleuves, rives qui sont trop souvent perdues pour l'agriculture. E. DE CHAMBERET.