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DE L'ARCHÉOLOGIE. 107
varie sans cesse en raison des hommes et des lieux. Chacune
de ses transformations emprunte a la nation où elle prend
naissance quelque chose de sa physionomie. En Allemagne
elle est par rapport à la France relativement plus rude et
sauvage a l'exception des bords du Rhin où l'existence anté-
rieure de colonies romaines avait laissé comme un parfum
d'une civilisation plus avancée. En Angleterre où ce dernier
élément manquait, la rudesse est plus grande encore, mais
elle est accompagnée d'une énergie qui lui est propre et se
montre avec une sobriété d'ornements qui ne manque pas
de grandeur.
L'Italie reste antique dans les détails, mais elle nous fait
voir, dans ses basiliques qu'elle a su modifier assez profon-
dément, un type antérieur pour lui donner l'aspect et le nerf
d'une création.
La France, très-avancée déjà dans son organisation politi-
que, élève de nombreux édifices dont le mérite est déjà in-
contestable ; les communautés riches qui se sont établies sur
son sol, renferment des artistes, architectes, sculpteurs,
peintres, pour lesquels la difficulté n'est bientôt plus qu'un
jeu, et qui, envoyés d'une abbaye dans l'autre y transpor-
tent avec eux leur science et leur habileté. Il est incontes-
table que l'influence de la puissante abbaye de Cluny fut
alors -énorme, et les archéologues ont été fort surpris de
rencontrer au fond de pays très-éloignés du nôtre des mo-
numents qui ont évidemment le cachet et tous les caractères
de cette architecture romane bourguignone qui doit à Cluny
son accentuation. Mais cette école n'a pas été la seule dans
notre pays, et je citerai en passant celles de l'Auvergne, du
Poitou, du Périgord, des bords du Rhône dans le midi et de
la Rretagne qui ont chacune leurs caractères particuliers et
ne peuvent se confondre.
Tandis que le roman occidental suit sa marche et se dé-