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DE L'ARCHÉOLOGIE. 103 ment alors les yeux de l'antiquaire étaient fermés a tout ce qui n'émanait pas de la civilisation grecque ou romaine, et n'est-il pas regrettable qu'une série importante de remarquables monuments disparus depuis sous le marteau révolutionnaire, ou parle fait d'une indifférence ignorante, aient échappé ainsi à notre étude en laissant dans la science des vides qu'il est difficile de remplir? Oui ! il fut une époque, et celle-ci n'est pas encore bien loin, où l'attention de l'archéologue se por- tait tout entière vers les monuments de Rome et d'Athènes, tandis qu'on ne jetait pas un coup-d'œil sur ceux qui appar- tiennent en Europe a la brillante civilisation arabe, au bas- empire d'orient et d'occident, et enfin aux époques romanes et gothiques. C'est avec intention que je me sers de cette dernière expression devenue, après la Renaissance, un terme de mépris appliqué à tout un art qui avait fleuri trois siècles, et pendant la durée duquel s'étaient formées toutes les nationalités modernes. La réaction payenne, en détruisant violemment cet art, coïncidait avec cet autre travail de des- truction qui, en s'attachant à la tradition religieuse, faillit em- porter le catholicisme : cette réaction durait encore au mo- ment des premières études archéologiques ; ce sera, si l'on veut, l'excuse des savants d'alors et l'explication d'un trop long oubli. Ajoutons cependant à la décharge des savants qui se sont les premiers occupés d'archéologie que l'art antique est si beau, si pur, si correct, au point de vue purement plastique qu'il n'a jamais pu être égalé depuis, et que la ville d'Athènes nous montre encore au milieu de ses ruines mutilées, des modèles d'une perfection inimitable. 11 était réservé enfin à notre temps de réhabiliter toute une époque, berceau de notre histoire, il l'a fait avec impar- tialité et désormais l'appellation de gothique n'entraînera plus après elle l'idée d'un insultant mépris.