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96 ALLOCUTION A L'ACADÉMIE. nous a rappelé qu'avant la fondation par Plancus d'une colonie romaine sur le coteau de Fourvières, il existait, au confluent du Rhône et delà Saône, une cité gauloise, centre de transactions commerciales, a laquelle furent conférés les droits que constatent les Tables Claudiennes trouvées dans son enceinte. L'importance que cette partie de Lugdunum acquit avec le temps a été mise en évidence par la voie romaine que M.Martin-Daussigny a reconnue au pied de la côte des Carmé- lites : découverte précieuse que le savant devait se hâter de décrire et l'artiste de dessiner ; car, quelques jours plus tard, les constructions souterraines qui avaient mis à nu les dalles, les trottoirs, et jusqu'à la trace des chars, obligeaient de les disperser ou de les enfouir. Les antiquités de la Gaule dirigent notre pensée vers celles de l'Asie, sur lesquelles M. Eichhoff nous a donné de si curieux renseignements. On sait que des fouilles récentes dues à d'illustres explorateurs, parmi lesquels la France cite avec orgueil MM. Botta, Teixier et Flandin ont fait découvrir l'emplacement de Ninive détruite plus de six cents ans avant notre ère, et restée inconnue sous ses propres décombres. Les voyageurs étonnés ont pu pénétrer dans les galeries des palais qu'aucun pied humain n'avait foulées depuis des siècles; et ils ont vu se dérouler devant eux des colonnades, des bas- reliefs, des statues gigantesques, révélation d'un art qui réunit à l'indication fidèle de la civilisation des Assyriens la majestueuse immobilité des œuvres de l'Egypte. Sur ces monuments,ils découvrirent une série défigures, expressions d'une langue inconnue dans ses mots aussi bien que dans ses caractères ; et voilà que chaque jour se révèle la signi- fication de cette écriture cunéiforme, et que, grâce à des traductions d'un sens aujourd'hui incontestable, on peut lire l'histoire, dictée par eux-mêmes, des rois qui vainquirent et