page suivante »
70 PROMENADE DANS HOME C'est trop tôt pour mourir, aurait dit le poète ; et moi. malgré les siècles qui me séparaient de tant de jeunesse, de tant de grâce et de vertu, je recréais par l'imagination ce que la mort avait détruit et une pure, une céleste image apparut devant mes yeux comme l'auge des célestes amours. Mille emblèmes nous transportèrent dans le monde enchanté de la poésie et de la foi : le cerf se désaltérant dans l'onde pure d'une fontaine rappellera la soif inextinguible du chré- tien pour les eaux vivifiantes de fa grâce divine ; le mot poisson, en grec , rappelle dans les lettres qui le composent les initiales de cette sainte formule : Jésus - Christ fils de Dieu sauveur ; l'ancre d'un navire dit combien le chrétien désire trouver un asile sûr dans une sainte mort ; les palmes signifient le martyre ; les raisins, le saint sacrifice ; les épis, l'abondante moisson des âmes. Si nous passons des ornements des tombeaux aux peintures murales des chapelles, nous voyons le coloris donner a l'es- quisse une animation plus grande ; bien que les personnages soient raides et tous sur le même plan , ils ne laissent pas de réveiller le souvenir d'une foi primitive plus sincère et plus naïve que la nôtre. Comme excuse, au point de vue de l'art lui-même, rappelons-nous qu'a l'époque où ces figures furent exécutées la peinture était en pleine décadence, les artistes qui s'essayaient à reproduire les sentiments ou l'inspiration qui les animaient, étaient de fervents chrétiens, mais des artisans peu initiés aux bonnes traditions de Zeuxis et d'Ap- pelle. Dans notre excursion au milieu de ce labyrinthe inextri- cable nous trouvâmes de loin en loin des excavations creusées en forme de petites chambres ; dans le fond de chacune d'elles on voyait que le tombeau d'un martyr avait servi d'au- tel pour la célébration des saints mystères. Une peinture murale servait de fond. Les premiers chrétiens en ornèrent