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JEAN FALERNE. 47 tendre que la longueur de la ville a esté retranchée , et d'autant eslargie, et par ce moyen le Mont de Sion, qui souloit estre dedans, est maintenaut dehors, et le Mont de Calvaire dedans, qui estoit hors de ladicte ville. Outre ces cinq portes, y a en- cores une petite poterne , qu'on appelle la porte Sterquiline, au dessoubs de celle du Mont de Sion. La ville est habitée de Turcs, Mores et Juifs , dont il y en a Je moins. Car la ville n'es- tant pas de grand trafic, ceux qui ne vivent que de trafiquer et maquignonner, n'y feroyent pas leur profit. « Le lendemain le père gardien nous fit quelque remontrance, comme il nous falloit conduire, d'autant que les Mahometistes ne taschent que par quelque moyen de surprendre les Chrestiens, soit par ignorance, finesse ou belles promesses leur faire lever le doigt, et dire les paroles aceoustumées, dont ils prennent attes- tation, et vérifient, comme l'on a promis se convertir, et là dessus contraignent les hommes à circoncision, et les femmes à l'obser- vation des cérémonies : mais peu de femmes y vont, et y a fort longtemps, qu'on n'y a veu aller femme françoise, sinon madame d'Vrphé (I), vefve du feu gouverneur de Forests, la quelle y avoit esté l'année auparavant. Ils en font de mesme, s'ils peuvent véri- fier qu'on aye disputé de leur loy : par ce qu'il est deffendu. « Or pour éviter tous ces inconveniens, on en advertit les pè- lerins, affin qu'ils s'en donnent garde. Aprez on faict scavoir aux fermiers du tribut, qui se paye par les Chrestiens, avant qu'entrer audict sainct Sepulchre, qu'il est arrivé quelques pèlerins, qui desireroyent y aller. Tellement que sur les six heures du soir, nous les trouvasmes à la porte de l'Eglise d'ieelle, assis en terre sur un beau tapis à leur mode, avec le poids et le tresbuchet en main, comme changeurs pour peser nos ducats. Premièrement (1) « Renée de Savoye, comtesse souveraine de Tendes, et du Mare, fdle aînée de Claude de Savoie, amiral des mers du Levant , etc. , etc., morte en odeur de sainteté, veuve de Jacques d'IMé, Bailli de Forez. » Voir les manuscrits de La Mure et les d'Urfé de M. A. Bernard.