Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                          JEAN PALERNE                              3ô
fut pas témoin des scènes si peu royales qui éclatèrent alors
entre le. duc et la reine de la Grande-Bretagne , il dut au moins
être dans la confidence. Toutefois , en sa qualité de secrétaire
d'un prince qui, suivant l'expression de Henri IV, « avait le cœur
si double et si malin » il se garde bien d'en souffler mot.
   II est croyable que Palerne n'eut jamais trop lieu de se louer
du duc d'Anjou , et qu'il le quitta , on ne sait pour quelle cause,
à son retour d'Angleterre. Il est vrai qu'il ne fait pas entendre
la moindre plainte, mais n'est-il pas permis d'induire de son
silence qu'il y eut une rupture entre le prince et son secrétaire ?
Alors , comme aujourd'hui, le silence était la seule vengeance
permise vis-à-vis des grands.
   Pour peu que le duc d'Anjou se fût montré généreux ou même
quelque peu juste envers Jean Palerne , il est supposable que
celui-ci n'eût pas manqué de faire son panégyrique. La Reine
Marguerite avait dit de ce prince , dont elle était sœur et qu'elle
avait beaucoup aimé « que si toute l'infidélité était bannie de la
terre , il la pourrait repeupler. » Il est donc supposable qu'il ne
montra pas plus de reconnaissance envers son secrétaire qu'envers
d'autres. Après avoir quitté la France , Palerne visita l'Espagne.
Il ne nous dit pas combien de temps il y séjourna et quel y fut
son itinéraire.
   Voilà tout ce qu'il est permis de savoir de l'époque qui précéda
son voyage.
   Ce fut le 30 mars 1581 , en compagnie d'un gentilhomme
Melunoys , qu'il partit de Paris pour l'Orient , avec une belle
resolution, et non sans avoir fait provision de monnoye. Nos
deux voyageurs passèrent par Troyes , Dijon , Beaune , Châlon-
sur-Sflos»e , Mascon, Ville-franche et Lyon. Ils traversèrent en-
suite , sans accident, le Dauphiné , la Savoye, Turin, Milan, Pavie,
Plaisance , Crémone, Ferrare , Padoue et Venise. Ils séjournè-
rent dans cette ville , environ pendant trois semaines , puis ils
s'embarquèrent , le 5 mai suivant , au port de Mallemocq, à

lui donna sous les conditions dont ils demeurèrent d'accord, Mézerai ,
Paris, 1685. Claude Barbin, in-fol, T. 3, p. 508,