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AU XVIIIe SIÈCLE. 23 e été mieux observées que parles écrivains du XVII siècle, et cependant chacun y a son style a soi parfaitement distinct et original. Descartes, Pascal,Balzac,Molière, Racine, Lafontaine, Larochefoucauld , Bossuet, Fénelon , Boileau , Labruyère , Bourdaloue, Mme de Sévigné, les Mémoires, les Correspon- dances, autant de génies, autant de styles différents ; et toutes ces manières d'écrire, si diverses, possèdent toutes ce qui constitue le style dans son acception la plus générale et la plus élevée, c'est-a-dire la fermeté, la simplicité et l'élégance du dessin, des contours arrêtés et solides, de la noblesse, toutes ces qualités enfin qu'on retrouve dans les écrits comme dans la peinture et la statuaire des époques dont le style est proposé pour modèle. Au XVIIIe siècle nous ne rencontrons que quatre écrivains qui puissent prétendre à la gloire du style ; peuvent-ils sou- tenir la comparaison sous ce rapport avec les auteurs du siècle de Louis XIV? nous ne le croyons pas. Il reste évident du moins que Montesquieu, Buffon, J. J. Rousseau et Voltaire sont très-dissemblables par le style, qu'ils ont chacun leur manière personnelle. Les autres écrivains du temps, surtout à mesure qu'on s'éloigne du siècle précédent et que la sou- veraineté de Voltaire s'est mieux établie, ont tous une même façon d'écrire dans laquelle se remarque la même absence de véritable style. Cette unitormité est encore plus complète dans les vers que dans la prose, c'est-à -dire là où le style serait le plus nécessaire. Tous les vers du XVIIIe siècle se ressemblent, par cela même que le XVIIIe siècle n'a pas eu de poètes. Tout homme cultivé distingue à première vue un passage de Corneille, de Racine, de Molière ou de Boileau ; mais tous ceux qui ont fait des vers au XVIIIe siècle les ont faits les uns comme les autres, les ont faits comme Voltaire, et Voltaire lui-même les a faits comme tout le monde. Tous les éloges que l'on a pu faire du style commun a