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31 MAI 1856. Bateliers, jeunes et braves, Qui croisez dans ces bas-fonds Pour recueillir les épaves, Tourmentez vos avirons ! Voguez vers l'arbre qui penche Un tronc déjà submergé, Et qui porte à chaque branche, 0 douleur I un naufragé ; Vers ces plaintes et ces râles Qui troublent, par intervalles, Les silences pleins d'horreur ; Vers ces longs éclats de rire Que lamente le délire De la fièvre et de la peur; Vers la timide fenêtre Où la jeune fille, hélas ! Prie, en attendant peut-être Un sauveur qui ne vient pas ; Vers cette barque légère, Ce berceau qui va-flottant Là -bas, au large, emportant Les entrailles d'une mère 0 vous qui n'en croyez que vos illusions, Toujours et quand même optimistes Qui pérorez gaîment contre les alarmistes, Et, sans avoir rien vu, traitez de fictions, De vains romans, de vaines fables, De songes et de visions Ces vérités trop véritables ; Visitez ces pauvres Brotteaux, Visitez ces pauvres Charpennes, La Part-Dieu, la Villette, et Villeurbanne et Vaux ; Parcourez ces lugubres plaines De Saint-Fond à la Tête-d'Or, Et voyez ce qui .reste encor