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566 CHRONIQUE LOCALE. dans l'ordre accoutumé, lorsqu'une pluie persistante et torrentielle est ve- nue de nouveau nous faire redouter une crue plus toile que la première . et qui augmente d'uue manière effrayante à l'heure où nous écrivons —La division de Failly, qui avait pris une part si active à la chute de Sébastopol, et qui vient tenir notre garnison, a fait son entrée triomphale dans notre ville, le jeudi 22 mai, au milieu d'une foule immense qui la sa- luait de ses bravos et qui la couvrait de bouquets. Ces soldais brunis par le soleil d'Orient, maigris par la souffrance, en tenue de guerre , les habits usés et rapiécés, et rapportant avec orgueil leurs drapeaux troués par les balles, étaient plus beaux que les soldats les mieux vêtus. Le premier ba- taillon de chasseurs à pied omrait la marche; venaient ensuite le 57 e , le 85 e , le 6 1 e et le 10 e . Leurs rangs éclaircis témoignaient de leur courage et de leurs souffrances ; et en voyant ces magnifiques soldais, le cœur se serrait en songeant combien n'étaient pas revenus. Le mardi suivant, l'autorité civile , heureuse et fière de posséder cette valeureuse division, réunissait les officiers à l'Hôtel-de-Ville, où un splen- dide dîner avait été préparé. De chaleureux discours ont dit et l'admiration et les sympathies des Lyonnais pour notre victorieuse armée. On lisait dans la Gazette de Lyon du 22 mai : « M. Jacques Vincent qui avait succédé, en 1828, à M. Teslcuoire. dans l'administration des archives du département du Rhône, et qui l'avait conservée jusqu'en 1*34, est mort hier, âgé déplus de 80 ans. « M. Jacques Vincent avait constamment obéi, pendant le cours de sa longue carrière, aux sentiments de droiture et de loyauté qui lui étaienl naturels. Après avoir soutenu valeureusement le siège de Lyon el obtenu le dangereux honneur de deux condamnations à mort, auxquelles il échappa miraculeusement, il chercha, comme tant d'autres, un refuge dans les rangs de l'armée. L à , du moins , il était possible d'oublier les hontes et les misères de l'époque : la fumée des champs de bataille le cachait à l'œil effrayé, et le bruit du canon empêchait d'entendre les cris et le râle des victimes que l'on égorgeait froidement et sans motifs, pour le plaisir de tuer. Sous les drapeaux, il se lia avec des camarades que nous avons vus plus tard au faîte des honneurs el des dignités militaires, et qui gardèrent toujours bon souvenir de la noble indépendance cl de la gaîté de son ca ractère. « M. Jacques Vincent avait réuni une précieuse collection de livres et d'innombrables notes sur l'histoire ancienne et moderne de nos provinces, surtout sur le Forez et le Lyonnais. « La vivacité de ses sentiments chrétiens a rendu calmes et douces les dernières heures de sa vie. » —11 vient de paraître à la librairie de MM. Ballay etConehon, quai de Kcl/, et chez tous les libraires, un charmant volume de poésies intitulé : Esquisses poétiques, par M. Maurice Simonnet. Il ne nous appartient pas de faire nous-méme l'éloge d'un livre sorti de nos presses et dû à la plume d'un de nos collaborateurs, mais la tievue rendra compte prochainement de ce gracieux recueil, dont nous pouvons déjà prévoir d'avance le succès et dout nous suivrons la bonne fortune de tous nos vœux. — Les Mémoires de l'Académie impériale des sciences , belles lettres et arts de Lyon, que nous avons annoncés dans notre dernier numéro, se trou vent chez MM. Brun et O , libraires, rue Mercière, 5. A une VINGTIUNIEK, directeur.