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                             BIBLIOGKAPHIU.                             561
d e s étant tombés sous les yeux d'un honorable ecclésiastique, ce!
ecclésiastique me demanda si j'en connaissais l'auteur. Je répon-
dis que oui. « C'est un théologien, n'est-ce pas, reprit l'abbé? 11
y a dans ces articles un tact, une exactitude de doctrine qui ne
peuvent être que le fait d'un homme familier avec les matières
théologiques. » J'eus bien de la peine à persuader au bon abbé que
l'auteur de ces articles n'était autre que l'historiographe ordinaire
du théâtre des Célestins. Il avait suffi à David d'être ce qu'il était
ouvertement, toujours et partout, un catholique convaincu, pour
être un parfait théologien. Plus tard, David sut que ces articles
avaient été mis sous les yeux du pape, et je crois qu'il ressentit
une très-grande joie de cet honneur.
    Tel était David. Si je me suis laissé aller à esquisser une appré-
ciation psycologique au lieu d'une biographie purement matérielle
je ne crains pas pour cela d'avoir blessé sa mémoire ; je suis sûr
que, de l'autre côté de la rive où îa mort l'a maintenant déposé ,
il me sait gré d'avoir fait connaître l'homme plutôt que le feuille-
toniste.                                               J. Tiss.

                       BIBLIOGRAPHIE.
FLOCONS DE NEIGE. Poésies par Xavier BASTIDE , l'un des auteurs des Man
  dragores. Paris, Dentu, (la Croix-Rousse, Lépagucz) vin vol. in-12, 1856.
   Il y a quelque chose comme une douzaine d'années, paraissait, sous le
titre de Mandragores, un volume de vers qui sentait sa vraie poésie malgré
l'abus un peu immodéré qu'on y taisait de la botanique et de sa nomen-
clature latine et grecque. Ce recueil était dû à la collaboration intime el
solidaire de deux auteurs qui avaient voulu y pousser la confraternité litté
raire jusqu'à se fondre dans une même et unique personnalité sous le nom
à deux têtes de Lirou-Bastidc. De ces poètes jumeaux que la mort a désunis,
il n'en reste plus qu'un, M. Bastide , aujourd'hui médecin à Lyon , qui
vient de nous donner, seul cette fois le second faisceau de ses Å“uvres
poétiques en le baptisant du nom pittoresque et gracieux àeFloconsde Neige.
    Nous retrouvons dans ce nouveau volume les qualités distinguées, le
souffle vigoureux, l'imagination luxuriante qui nous avaient enchantés dans
le premier. L'auteur est bien sûrement un vrai poète j il l'est Mus el in
cute, il trahit à chaque pas, par de jaillissantes effluves el ce cri pro
fond qu'on ne peut feindre, la vocation privilégiée qui failles vrais inspirés
    Le vers de M. Bastide est plein, sonore, riche ; il porte avec lui sans
effort et naturellement l'image et la métaphore. Ses pensées sont toujours
nobles et honnêtes, souvent neuves et fécondes. Décidément il n'appartienl
ni à la classe de ces poètes néo-métaphysiciens qui placent la lyre sur des
hauteurs glacées et nuageuses où ne germe souvent que l'ennui, ni à la
catégorie de ces rimeurs maitres-passés du rhythme seulement et dont l'art
se borne à broder de jolies et brillantes cadences sur des thèmes rebattus
et surannés. Il y a chez lui des accents nouveau*, il y a, dans une mesure
 abordable à tous, un reflet saisissant du monde et de l'humanité, de leurs
 grandeurs et do leurs misères; il y a enfin l'écho de l'âme parvenue
aux sommets de la vie et qui jette aux vents la plainte sublime et éternelle.
formulée par le vieux Romain quand il s'écriait : Sunt lacrymœ rerum !
    Et voilà bien ce qui distingue les Flocons de neige des Mandragores, et
 trace entre ces deux livres une ligne de démarcation très-nette. Dans le
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