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DRIAGE ET VIZILLE. 547 reposer de ses longues fatigues et à consacrer au séjour de sa terre de Vizille les heures de repos que lui laisse- raient pendant l'année ses nombreuses occupations. De 1610 à 1622 il fit restaurer le château et soumit par corvées les paysans de la contrée à l'embellissement de l'ancienne ha- bitation des dauphins. « Viendrez ou brûlerez, » telle était la terrible formule qu'il employait dans ses sommations au malheureux peuple, et il était sûr de la docilité des hommes taillables et corvéables, car on savait qu'il tenait rigoureu- sement sa parole et que cette invitation n'était pas une vaine menace. Si on lui a reproché la dureté de ses ordres et l'inflexible rigueur qui présidait à leur exécution, la pos- térité, qui néglige les moyens pour ne tenir compte que du résultat, applaudit aux vues élevées qui le dirigeaient ; avec ce laconisme despotique empreint des préjugés barbares de la féodalité , il entreprenait plusieurs ouvrages d'agrément et d'utilité publique , il ouvrait des routes, construisait des ponts, doublait l'étendue de la ville de Grenoble et fixait par des digues le cours des rivières et des torrents les plus fougueux. Quoique octogénaire il ne renonçait pas à la vie agitée des camps et il franchissait encore les Alpes à la tête des armées. Retiré dans son splendide château de Yizille, le Renard du Dauphiné , comme l'appelait le duc de Savoie , surveillait les menées de son puissant ennemi et veillait aussi a la tranquillité intérieure du royaume. Toujours dé- voué au bien de l'état, il venait au printemps et pendant l'été dérober, dans cette magnifique résidence, quelques ra- res instants au gouvernement de la province. Ces monta- gnes retraçaient au héros du Champsaur l'image des lieux où il avait passé son enfance et la brise du soir qui soufflait dans ces vallons lui apportait quelquefois l'air du pays natal (1). (1) François do Bonne de Lcsdiguièrcs naquit le 1 e r avril 1543, dans la